Trois...
Agenouillé sous un des rebords du toit du Théâtre Traditionnel Oshika Seiiki, Takumi attend. Uniquement éclairé par la lune, il observe la rue qui longe le théâtre. La pluie coule, dégouline, se répand et s’étend. Une goutte d’eau a si peu de pouvoir, minuscule, infime, presque innocente... Mais une fois que ses sœurs se mêlent à elle... cascades, torrents et tsunamis prennent vie. Takumi respire, l'odeur de la pluie le rend fou. Elle le prend aux tripes, sa légèreté et son omniprésence la rendent discrète et envahissante. Il ouvre sa main, déjà glacé jusqu’aux os, la pluie sur sa paume le fait trembler. Fasciné il se laisse submerger. Mort de froid sous la pluie, peut-être serait-ce la plus belle des morts pour lui ? Il regarde une nouvelle fois en contrebas. Ils ne devraient plus tarder maintenant, les applaudissements et les rappels sont terminés. La foule se déversent sur les trottoirs, l’humeur est légère, des cris de joie remontent jusqu’à lui. Takumi est désemparé, ce soir il se sent comme une goutte, seul et isolé. Le petit garçon abandonné, qui depuis son ombre observe les autres familles rire et s’amuser. Pourtant Vox en lui donnant sa mission ce soir lui a assuré qu’il faisait partie d’un grand Tout : en tuant il est le torrent. Takumi retire sa main de sous la pluie et la presse contre son cœur, espérant un peu de chaleur. Oui. Oui Takumi sait tout ce que Vox lui a donné. Il sait qu’il leur doit tout, sa nouvelle vie, son nouvel éveil, sa deuxième chance… Mais ce soir, cette mission le déstabilise, il n’a pas envie de la faire. Alors il pleure et prie Vox, se balançant d’avant en arrière. Mais ni réconfort, ni chaleur n’apparaissent. De tout son cœur, Takumi veut un ami. Ah ah. Un rire désenchanté lui échappe. Le petit tueur veut un ami… En contrebas ils les voient approcher. Il sort son masque, smiley jaune souriant, si grotesque et extravagant. Il l’enfile et se méprise. Non, Takumi ne mérite pas d’avoir d’ami.
Deux…
Il saute de corniche en corniche puis se retrouve juste au dessus de cette ruelle sombre et silencieuse. Il s’élance jambes souples et genoux pliés, les bras écartés pour amortir et équilibrer sa chute. Il atterrit juste devant son public, en s'agenouillant doucement. Il n’a que quelques secondes, seul l’effet de surprise compte. Il inspire et se redresse. Des cris de surprise sont poussés. Sa tête encore penchée, sous sa capuche il entend la pluie tomber. Son bras droit se dirige vers son dos. Il expire, sa main touche la cross de son arme, gentiment glissée à l'arrière de son pantalon. Des mains se lèvent, complaintes, prières, comme pour lui demander d'arrêter ce qu'il a déjà commencé. Mais Takumi n’entend rien, il se concentre sur le bruit de la pluie. Si il les écoute il n’arrivera pas à le faire. Il inspire, attrape fermement son arme et la braque sur les visages apeurés. Ils crient, ils pleurent, ils implorent. Peu importe, ce n'est pas Takumi qui les a choisit, c'est Vox. Il redresse la tête. La pluie dégouline sur son masque. Cette odeur est si belle et si forte, il en arrive à oublier qu’il s’apprêtent à tuer. Il est soudain pris d'un frisson d'excitation, bientôt à l'odeur de la pluie, se mêlera celle du sang. Un rire lui échappe, Oh oui, maintenant il a hâte. Le bras tendu, Il vise la tête de l'homme. Son rire gonfle, les pleurs augmentent. Son masque de smiley souriant à désormais une voix tonitruante. Il tire et expire. La cervelle de l'homme éclabousse le visage de la femme en pleurs. Elle hurle de terreur. Takumi arrête de rire. Ses cris perturbent la sérénité de sa scène. Cette pluie, ce rouge qui s'écoule, tout est fait pour apprécier ses secondes qui défilent et ne font que nous échapper. La femme se jette à terre et attrape le cadavre, le secouant dans tous les sens, comme si cette agitation était un remède contre la mort. Takumi tremble, il commence à défaillir. Vite, vite, vite. Si il veut finir sa mission il ne faut pas qu’il commence à penser. Il inspire et renifle, l’odeur du sang le tranquillise. Plein de souffrance et de peine, il sent qu’il veut pleurer. Il regarde la femme. Sait-elle seulement ce que ça fait ? Vouloir mourir et attendre en vain, que sa vie s'éteigne enfin ? Il lève une nouvelle fois son bras. La femme, paniquée, lâche le cadavre et se positionne devant son enfant. Un enfant ? Quoi ? Il y a un enfant ? Trop tard, Takumi a déjà appuyé sur la gâchette, le coup lui échappe, il tire et expire. L’enfant pétrifié n'a même pas encore bougé. La femme tombe lourdement à terre, une balle dans la tête. Dans la panique l’enfant a agrippé le collier de perles de sa mère. Lorsque le cadavre est tombé, celui-ci s’est cassé et éparpillé sur le sol trempé. L’enfant tombe à genoux, sans pleurs, le visage tordu par la douleur. Il regarde Takumi, un cri de rage inhumain lui déchire les entrailles. Takumi tremble, il recule, trébuche, baisse son bras. Il est assaillit de souvenir de Vox lui décrivant sa mission, on lui a fait promettre d’en tuer trois. Trois, dont l’enfant ?… Takumi attrape sa tête. Il ne peut pas, il a envie de vomir, il recule et se tourne, s’enfuyant sous les cris stridents de l’enfant.
Un...
Takumi s’enfuit. Au bout de la ruelle, à l’abri du regard de l’enfant il escalade une nouvelle fois le théâtre. Là haut, sous le rebord du toit, il arrache son masque. Il ne peut pas. Takumi ne PEUT pas. Tuer des enfants il ne l'a jamais fait, bien trop lâche, bien trop dans la culpabilité. Les larmes montent, il avait un si mauvais pressentiment pour cette soirée. Certaines fois il aimerait tout arrêter. Ne pas tuer pour Vox, ne pas détruire la vie. Après tout il y a une seule vie qu'il veut détruire, et c'est la sienne. Takumi a les mains qui tremblent de plus en plus. Oh non un épisode… il doit se calmer. Il doit s’occuper l’esprit et faire comme si il ne s’était rien passé. Il attrape son sac soigneusement caché, enlève ses habits trempés et met un costume trois pièces que Vox lui a prêté. Un peu trop grand, mais seyant. Il enfile ses souliers cirés. Il range son arme et son masque dans le sac. Un peu de parfum pour cacher l’odeur de la transpiration et du sang. Il prend son sac et descend de l’autre côté du théâtre. Rapidement il se retrouve dans la file qui attend pour la deuxième représentation du soir. Les sirènes des voitures de police sifflent, des cris de peur, l’agitation se fait sentir. L’équipe du théâtre accélère les entrées, avec un tueur en liberté, ils veulent protéger leur public adoré. Takumi pose son sac au vestiaire et donne son billet à l’entrée. Effrayant de facilité. Les portes sont refermées, le public est protégé. La police promet de ne laisser sortir le public qu’une fois qu’ils se seront assurés qu’ils seront en sécurité. Takumi pouffe de rire, son sang se met à bouillonner. Vox avait tout vu, tout prédit. Tout c’est exactement passé comme dans ses écrits. Sauf… l’enfant. Takumi, disparaît, il veut aller s’isoler à l’abri des regards, il en a besoin. Devant les toilettes, il y a la queue. Comme d’habitude, on le bouscule, on le double, on lui rit au nez. Les tremblements s’intensifient, Takumi doit s’isoler maintenant. Il sort de la queue, arpente les couloirs. Il se tient au mur, ses jambes commencent à le lâcher. Vite. Il trouve un débarras. Il ouvre brusquement la porte et la referme. Sans rien pour s’ouvrir les veines ou se brûler, Takumi se sent désemparé. Il se laisse glisser à terre et se recroqueville. Il commence à se balancer d’avant en arrière, le cri de l’enfant résonnant encore dans ses oreilles.
Deux…
Il saute de corniche en corniche puis se retrouve juste au dessus de cette ruelle sombre et silencieuse. Il s’élance jambes souples et genoux pliés, les bras écartés pour amortir et équilibrer sa chute. Il atterrit juste devant son public, en s'agenouillant doucement. Il n’a que quelques secondes, seul l’effet de surprise compte. Il inspire et se redresse. Des cris de surprise sont poussés. Sa tête encore penchée, sous sa capuche il entend la pluie tomber. Son bras droit se dirige vers son dos. Il expire, sa main touche la cross de son arme, gentiment glissée à l'arrière de son pantalon. Des mains se lèvent, complaintes, prières, comme pour lui demander d'arrêter ce qu'il a déjà commencé. Mais Takumi n’entend rien, il se concentre sur le bruit de la pluie. Si il les écoute il n’arrivera pas à le faire. Il inspire, attrape fermement son arme et la braque sur les visages apeurés. Ils crient, ils pleurent, ils implorent. Peu importe, ce n'est pas Takumi qui les a choisit, c'est Vox. Il redresse la tête. La pluie dégouline sur son masque. Cette odeur est si belle et si forte, il en arrive à oublier qu’il s’apprêtent à tuer. Il est soudain pris d'un frisson d'excitation, bientôt à l'odeur de la pluie, se mêlera celle du sang. Un rire lui échappe, Oh oui, maintenant il a hâte. Le bras tendu, Il vise la tête de l'homme. Son rire gonfle, les pleurs augmentent. Son masque de smiley souriant à désormais une voix tonitruante. Il tire et expire. La cervelle de l'homme éclabousse le visage de la femme en pleurs. Elle hurle de terreur. Takumi arrête de rire. Ses cris perturbent la sérénité de sa scène. Cette pluie, ce rouge qui s'écoule, tout est fait pour apprécier ses secondes qui défilent et ne font que nous échapper. La femme se jette à terre et attrape le cadavre, le secouant dans tous les sens, comme si cette agitation était un remède contre la mort. Takumi tremble, il commence à défaillir. Vite, vite, vite. Si il veut finir sa mission il ne faut pas qu’il commence à penser. Il inspire et renifle, l’odeur du sang le tranquillise. Plein de souffrance et de peine, il sent qu’il veut pleurer. Il regarde la femme. Sait-elle seulement ce que ça fait ? Vouloir mourir et attendre en vain, que sa vie s'éteigne enfin ? Il lève une nouvelle fois son bras. La femme, paniquée, lâche le cadavre et se positionne devant son enfant. Un enfant ? Quoi ? Il y a un enfant ? Trop tard, Takumi a déjà appuyé sur la gâchette, le coup lui échappe, il tire et expire. L’enfant pétrifié n'a même pas encore bougé. La femme tombe lourdement à terre, une balle dans la tête. Dans la panique l’enfant a agrippé le collier de perles de sa mère. Lorsque le cadavre est tombé, celui-ci s’est cassé et éparpillé sur le sol trempé. L’enfant tombe à genoux, sans pleurs, le visage tordu par la douleur. Il regarde Takumi, un cri de rage inhumain lui déchire les entrailles. Takumi tremble, il recule, trébuche, baisse son bras. Il est assaillit de souvenir de Vox lui décrivant sa mission, on lui a fait promettre d’en tuer trois. Trois, dont l’enfant ?… Takumi attrape sa tête. Il ne peut pas, il a envie de vomir, il recule et se tourne, s’enfuyant sous les cris stridents de l’enfant.
Un...
Takumi s’enfuit. Au bout de la ruelle, à l’abri du regard de l’enfant il escalade une nouvelle fois le théâtre. Là haut, sous le rebord du toit, il arrache son masque. Il ne peut pas. Takumi ne PEUT pas. Tuer des enfants il ne l'a jamais fait, bien trop lâche, bien trop dans la culpabilité. Les larmes montent, il avait un si mauvais pressentiment pour cette soirée. Certaines fois il aimerait tout arrêter. Ne pas tuer pour Vox, ne pas détruire la vie. Après tout il y a une seule vie qu'il veut détruire, et c'est la sienne. Takumi a les mains qui tremblent de plus en plus. Oh non un épisode… il doit se calmer. Il doit s’occuper l’esprit et faire comme si il ne s’était rien passé. Il attrape son sac soigneusement caché, enlève ses habits trempés et met un costume trois pièces que Vox lui a prêté. Un peu trop grand, mais seyant. Il enfile ses souliers cirés. Il range son arme et son masque dans le sac. Un peu de parfum pour cacher l’odeur de la transpiration et du sang. Il prend son sac et descend de l’autre côté du théâtre. Rapidement il se retrouve dans la file qui attend pour la deuxième représentation du soir. Les sirènes des voitures de police sifflent, des cris de peur, l’agitation se fait sentir. L’équipe du théâtre accélère les entrées, avec un tueur en liberté, ils veulent protéger leur public adoré. Takumi pose son sac au vestiaire et donne son billet à l’entrée. Effrayant de facilité. Les portes sont refermées, le public est protégé. La police promet de ne laisser sortir le public qu’une fois qu’ils se seront assurés qu’ils seront en sécurité. Takumi pouffe de rire, son sang se met à bouillonner. Vox avait tout vu, tout prédit. Tout c’est exactement passé comme dans ses écrits. Sauf… l’enfant. Takumi, disparaît, il veut aller s’isoler à l’abri des regards, il en a besoin. Devant les toilettes, il y a la queue. Comme d’habitude, on le bouscule, on le double, on lui rit au nez. Les tremblements s’intensifient, Takumi doit s’isoler maintenant. Il sort de la queue, arpente les couloirs. Il se tient au mur, ses jambes commencent à le lâcher. Vite. Il trouve un débarras. Il ouvre brusquement la porte et la referme. Sans rien pour s’ouvrir les veines ou se brûler, Takumi se sent désemparé. Il se laisse glisser à terre et se recroqueville. Il commence à se balancer d’avant en arrière, le cri de l’enfant résonnant encore dans ses oreilles.