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la petite citation

qui fait

grave du bien dans le kokoro

Mayaku

Mayaku, l’idyllique ville nippone, n’est plus. Les guerres de gang, l’avidité et la convoitise du pouvoir, la folie et les flammes, ont tué ce paradis. Et bientôt, ça sera votre tour.
 
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Anonymous
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Au revoir [OS-solo] Empty Au revoir [OS-solo]

Ven 6 Oct - 19:42
Les flammes s'étaient éteintes voilà 49 jours. C'était aujourd'hui que j'emportais l'urne de mon père, oncle et mentor, au haka. J'étais seule, la cérémonie de crémation était celle où les vivants rendaient hommage au mort : aujourd'hui j'étais seule avec lui. Lorsque je déposai l'urne dans la crypte, une mèche de cheveux dorés se glissa dans mon champ de vision. J'allais pour la remettre derrière mon oreille, mais j'arrêtais mon geste à mi-chemin, caressant doucement ces cheveux.

Ils étaient le témoin d'un passé occidental qui ne me plaisait guère, mais que mon oncle m'avait apprit à respecter, sans pour autant jamais céder à ses exigences. Pourtant, aujourd'hui, je voulais parler. Les occidentaux parlaient "d'oraison funèbre" je crois, et normalement cela se fait devant des gens. Mais je doute que les mayakoïtes apprécient ce genre de dérogations aux us, surtout de la part d'une prêtresse. Alors je ferais cette "oraison" seule.

"- Mon oncle, depuis longtemps je devrais vous appeler mon père. Vous m'avez élevée, vous avez pris soin de moi pendant mes maladies. Je pourrais aussi vous appeler mon maître : vous m'avez guidée vers la sagesse, vous m'avez enseignés les kamis et appris à frayer au milieu de leurs voix. Sans vous, je serais perdue : grâce à vous, je fais partie de ceux qui savent où ils se trouvent."

Le reste de mes pensées ne voulait pas franchir mes lèvres, comme un interdit. On ne fait pas de reproches aux morts. Mais aujourd'hui, et depuis près de deux mois, je suis seule. Seule face à Mayaku, à la foule, aux kamis. Seule face à moi-même. J'aimerais sentir une main sur mon épaule, venant me réconforter et m'aider à faire face à la solitude : mais elle est lâche, et fuit lorsque d'autres approchent. Il avait voulu, toute sa vie, rappeler Mayaku aux valeurs de la religion et de la raison : il en avait payé le prix.

"-Mayaku ne peut être sauvée, l'échec de ton oncle l'a démontré.
-Peut-être y a-t-il d'autres solutions que les mots. Il ne les a jamais essayés, alors qui sait ?"


Je ferme les yeux et joint les mains sous mon kimono : ignorer les kamis est sacrilège, même si leurs propos sont parfois déroutants. Laissant mes muscles se détendre, j'ouvre légèrement les lèvres, lève la tête et me plonge au milieu des murmures. Tous ne s'adressent pas à moi, certains argumentent même entre eux. J'ai toujours trouvé à la fois surprenant et amusant la façon dont les kamis sont à la fois d'une sagesse insondable et, parfois, juste incapable de voir au-delà du bout de leur nez, de leur horizon. La plupart de ceux qui daignent employer un langage qui m'est intelligible sont passablement agités : mon oncle leur était proche, à eux aussi. Certains veulent châtier, d'autres appellent au calme, presque tous souhaitent qu'un héritier émerge. Parmi eux, je sens quelques intentions clairement tournées vers ma personne.

Je résiste à ces regards. Je ne me sens pas prête, encore. Je suis sa nièce, sa fille, son élève, c'est vrai. Mais je ne saurais me faire la voix des kamis dès aujourd'hui, je ne m'en sens pas digne.

-Tu as raison mon enfant. Ton heure n'est pas encore là. Pas tant que sa mort n'est pas vengée. Trouve ta voie : mais que les coupables reçoivent leur dû.

C'est, je crois, la première fois ... non, la seconde fois, que je l'entends. C'était le kami qui parlait d'essayer d'autres méthodes que les mots. C'est une voix de femme, douce mais .. ferme, d'une certaine façon. Si elle était humaine, je l'imaginerais comme une mère aimante mais n'hésitant pas à châtier un enfant mal éduqué. C'est sans doute le kami protecteur d'une famille, peut-être de la mienne ... ? Ils ne se présentent jamais vraiment, je n'ai jamais pu que deviner.

Je la sens prête à me soutenir quelque soit mon choix. Je rouvre les yeux et un sourire de contrition apparaît sur mon visage. J'ai pris une décision, ou plutôt un début, un embryon de décision : je ne sais pas si je suis capable de marcher sur le chemin que je n'ai, encore, tracé que d'une main malhabile.

- Je suis désolée mon oncle. Ces gens ont utilisé cette violence et cette corruption que vous combattiez contre vous. Mais je ne les laisserais pas s'en sortir à si bon compte. Vos idéaux sont nobles, mais ceux qui les ont ainsi transgressés, ne devraient pas avoir droit à en profiter.

J'allais les trouver. J'espère. Et ils paieraient alors. Sans aucun doute. J'étais venue en petite fille apeurée et solitaire. Après avoir écoutés les kamis, je ne me sentais plus fille, mais femme. Je n'avais plus peur, mais j'étais résolue. Et surtout ... je n'étais plus seule.
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