N
M

la petite citation

qui fait

grave du bien dans le kokoro

Mayaku

Mayaku, l’idyllique ville nippone, n’est plus. Les guerres de gang, l’avidité et la convoitise du pouvoir, la folie et les flammes, ont tué ce paradis. Et bientôt, ça sera votre tour.
 

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Sam 3 Juin - 1:16

Dr. Jekyll



Tribunal | 09h15


Lucian décida bien rapidement qu’il appréciait les tribunaux. Assis un peu en retrait, les mains sagement posées sur les genoux, il s’obligea à prendre quelques notes de temps en temps, quand une alarme se mettait à clignoter dans son esprit pour lui faire remarquer que son inattention devenait visible. Il avait soigneusement étalé quelques dossiers médicaux sur son pupitre, les chemises cartonnées ouvertes et les paragraphes utiles joliment encadrés et surlignés. Il avait bien fait ses devoirs, comme un grand et il avait apprit par cœur le dossier de Mariko Sun, comme on le lui avait gentiment conseillé. Il s’était contenté d’hocher la tête et de faire un vague mouvement de main pour signifier ce qui passait pour un accord, un peu contre son grès.

Maintenant il récitait son cours avec pragmatisme et neutralité, sa feuille entre les mains, le regard perdu sur l’accusée, il énonçait les faits avec toute la froideur et la neutralité qu’il pouvait montrer. Tranchant, précis, professionnel. Lucian se rassit à sa place quand on le remercia et passa une main autour de la cravate grise serrée autour de sa gorge –comme une corde de pendu. Premier signe de nervosité.

Dans sa poche, le manque du poids habituel le déséquilibrait, et il avait l’impression que le monde ne tournait plus, ou plus dans le bon sens –en tout cas, la terre avait fait un beau demi-tour. Lucian se sentait presque tomber de sa chaise parfois, parce que la boite n’était pas là –pas là, pas là, pas là- et il savait qu’il l’avait laissé dans la poche de sa veste, dans sa voiture. Mais ses doigts le picotaient et il avait envie de les manger –les mordre, les mâcher, les avaler, les ingurgiter, comme ses pilules qui n’étaient pas là mais où sont-elles, j’en ai besoin.

« - Je pense que l’accusée nécessite l’attention d’un médecin psychiatre qualifié qui pourrait aider mademoiselle Sun à… prendre conscience de ses erreurs, avant de purger sa peine. » Ça lui ferait donc une patiente en plus.

Peut-être pas un cas totalement inintéressant. Quand il regarda dans sa direction pour la première fois depuis le commencement de la séance, leurs regards se fracassèrent l’un contre l’autre. Arrogant, provocateur, amusé. Sans savoir si c’était ses sentiments ou un reflet de ceux de la jeune femme. Le poids –son absence, le poids du rien, le poids du vide- dans sa poche de pantalon se fit plus lourd, plus pressant, plus menaçant. Un souvenir du poids du médicament sur sa langue, de sa texture plastifiée et de sa forme ovale –une soudaine envie d’avaler sa propre langue, pour savoir s’il aurait encore faim, après ça.

« - Je confirme le besoin de l’accusée Mariko Sun en matière de séances de psychothérapie et je m’engage à les lui donner en pleine conscience de cause de son cas et de ses besoins. Si le traitement ne s’avère d’ailleurs pas utile, je me verrai obliger de faire une demande d’admission de l’accusée à l’hôpital en tant que patiente délestée de ses charges. » Le ton clair, sa veste de costume parfaitement lisse et ses mèches sombres ondulées alignées sur son crâne, Lucian était le model même du maintient, de la dignité et de la confiance en soi. Lucian avait une voix de ténor, grave et rauque à cause de la clope –et aussi parce qu’il ne parle jamais. Lucian il ne demande pas, il ordonne, et les gens sont assez naïfs pour le croire innocent, avec sa belle petite gueule d’ange. Après tout, il n’est qu’un gentil médecin qui ne veut que le bien de ses patients, rien de plus.

Le maillet du juge claque sur le bois, les conditions sont acceptées, la séance est levée. Peu à peu, la salle reflue, vidant ses entrailles d’humains dans le grand bâtiment de la cour de justice. Devant les portes, des parents serrent leurs enfants sanglotant, des personnes louches aux yeux cheminant perdent quelques secondes à fixer la haute silhouette fluide de Lucian et, quelques secondes plus tard, il se retrouve au volant de sa vieille voiture, la portière pas encore fermée et pourtant, deux jolies petites pilules rouges au fond de la gorge. La tête rejetée en arrière il soupir, heureux, comblé, et il rentre chez lui. Dans son sac, posé sur le siège passager, son planning et les horaires pendant lesquelles il devrait s’occuper de Miss Mariko Sun, une semaine plus tard. Une nouvelle gélule perdue dans la paume de sa main, il se dit qu’au moins, ça aurait le mérite de le distraire.


Dernière édition par Lucian Luxferre le Sam 3 Juin - 10:57, édité 1 fois
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Sam 3 Juin - 2:48

Miss Hyde



Tribunal | 09h15 - One Week Before



Un mauvais coup, voilà ce que ça avait été. Un putain de plan de merde. Je bouillonne à l'intérieur, de colère, par manque de contrôle de la situation. J'aurais jamais dû accepter ce deal. Je pleure à la barre, ce n'est pas tant de la tristesse - ça pourrait le paraître, c'est même peut-être là une partie de l'enjeu d'ailleurs - mais plutôt de la frustration. Je voudrais mettre une claque au juge, une bon coup de genoux dans les couilles de l'avocat, des fuck aux gentilles personnes venues assister à ma déchéance et le psy...

Le psy il me regarde et moi je lève un sourcil. Mes lèvres se détachent l'une de l'autre, les petits muscles autour de mes yeux se contractent avec douceur, comme un chat à l'âffut après un léger bruit dans une maison calme. Les larmes c'est fini. Je ne l'avais pas remarqué avant, pas avant qu'il ne prenne la parole.

Je confirme le besoin de l’accusée Mariko Sun en matière de séances de psychothérapie et je m’engage à les lui donner en pleine conscience de cause de son cas et de ses besoins. Si le traitement ne s’avère d’ailleurs pas utile, je me verrai obligé de faire une demande d’admission de l’accusée à l’hôpital en tant que patiente délestée de ses charges.

J'en ai presque un mouvement de recul. Essaye toujours de m'enfermer connard.

Bien sûr, je leur ai fait le coup du Nan mais mes parents étaient beaucoup trop horribles avec moi. Bien sûr, je leur ai fait le coup de papa violent, des traumatismes d'enfance, de mon copain mort, de toute la misère du monde sur mes épaules, de mes erreurs avouées, ma responsabilité, ce tout qui me glisse perpétuellement entre les doigts, la pauvre Mariko, qu'elle est misérable, qu'est-ce qu'on devrait la plaindre, ce par quoi elle est passée... Ils sont pas si mauvais, les juges, ils peuvent pas laisser aller une pauvre petite jeunette pleine de problèmes comme moi aller en taule. Attendez, si on ne peut même plus profiter des avantages d'avoir l'air d'une gamine, quand même...

Ils ont tout gobé ces cons. La vie peut être bien faite, parfois.

Hôpital | 15h00 - Present


Des couloirs interminables. Voilà ce que c'est. J'ai l'impression de me balader dans un labyrinthe qui pue la piscine. Tout est lisse, tout est clair, tout brille. Je me sens pas confiante dans autant de clarté, ça me sort un peu trop de mon univers grisâtre et sale. Je suis pas quelqu'un de lumineux. La lumière c'est pour les sages, les gens sains, de ceux qui n'ont rien à se reprocher, les personnes sans profondeur. Ceux qui ne portent pas le néant autour d'eux. Je dois faire tâche dans le décor, avec mon jean troué, mon t-shirt qui ne cache rien de mon soutient gorge et mes baskets dont les semelles usées à force de courir et grimper font un sale bruit à chaque  pas sur le sol. Et je regarde pour la dixième fois le revers de ma main sur lequel est inscrit au stylo l'étage et le numéro de la salle de Monsieur le doc' Luxferre.

ça m'fait penser à Lucifer.
Coïncidence ?

Moi les médecins, ça a jamais été mon truc. Les médoc', en revanche... Les médoc j'ai toujours bien aimé. Les premiers, c'était ceux de ma mère. Elle était un peu trop toxico pour se rendre compte qu'il en manquait dans la boite, et moi et les copains, on en profitait. Et tout de suite, c'est un sourire qui naît sur mon visage, parce que si on joue le jeu correctement, je vais avoir de nouveaux produits pour faire mumuse la nuit. Je me demande quel genre de gout chimique peuvent avoir les anxiolytiques une fois dans les narines.

C'est le numéro au-dessus de la porte, celui qui correspond au stylo sur ma main, qui me sort de mes douces rêveries. Luxferre. Hinhin. Un rire qui ne cherche même pas à être camouflé sort de ma bouche au moment où j'ouvre la porte du bon docteur. Je me souviens de sa tête, la semaine dernière. Je déteste les gens qui pensent être les plus intelligents dans la pièce, sans pour autant prêter un seul regard à ce qui les entoure.

Je dois suivre une psychanalyse pour éviter le ferme. Je leur ai dit que si je vendais de la drogue, c'était pour financer ma propre consommation et oublier mes petits troubles psychiques. Non, en fait, si je vends de la drogue c'est pour me faire de l'argent et je le fais avec la pleine lucidité de ce que ça implique, en fait même ça me plait comme activité. Mais bon. Toutes les excuses sont bonnes, et si je dois me coltiner sa face de trou du cul en costard une heure par semaine pour les trois prochaines années à venir, soit.

Ah merde, fallait frapper ? Je suis vraiment désolée.

Je reste plantée à l'entrée du bureau. Mon corps, présent, bombé, ne dit pas qu'il est désolé. L'expression de mon visage, dure, fermée, ne dit pas qu'elle est désolée non plus. Je suis vraiment pas désolée.

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Sam 3 Juin - 12:15

Dr. Jekyll



Hôpital | 15h00


Doucement, Lucian reposa son gobelet de café sur le bureau en plastique et rentra le stylo qu’il avait entre les doigts dans le pot coloré. Le café était immonde, vraiment. C’était une bouillie immonde de café de très basse qualité, dilué dans énormément d’eau et surtout, beaucoup trop sucré. C’était atroce, à peine buvable, beaucoup trop chaud, mais il en avait besoin, pour faire passer la petite pilule rouge au fond de sa gorge. Il n’en avait pas attendu moins d’un hôpital universitaire, mais il regrettait soudainement de ne pas avoir prit son thermos. Son thermos de café noir Colombien et surtout propre. Il pouvait sentir d’ici les millions de microbes qui grouillaient sur sa peau et s’infiltraient dans ses pores. Une dose généreuse de gel désinfectant plus tard, il se promit aussi de rapporter des gants, la prochaine fois. La clenche s’abaissa derrière lui et la porte s’ouvrit, signe que le nouveau jeu venait de démarrer.

« - Ah merde, fallait frapper ? Je suis vraiment désolée. » Elle n’était pas sincère, le plus profond des imbéciles aurait pu le deviner. Pour ce qu’il en avait a faire de ses excuses. Lui non plus ne frappait pas aux portes.

« - Je vous en prie, installer-vous, Miss Sun. » Méticuleusement, il jeta le gobelet vide à la poubelle, prenant bien soin d’entrer le moins possible en contact avec n’importe laquelle des surfaces de cette pièce et se leva souplement. La silhouette sombre de Lucian se découpait avec bien trop de précision dans cette salle blanche, il ne s’y sentait pas à l’aise, loin de là. La pièce qu’on lui avait passée était celle de son collègue, en congé maladie depuis plusieurs jours déjà. Les murs étaient d’une douce teinte bleue pastelle, le sol en lino gris, le bureau et la chaise en plastique blanc et la seule touche de couleur était la table basse en bois de cerisier qui séparait les deux canapés face à face en coton taupe. Il n’y avait pas de fenêtre mais l’éclairage artificiel faisait en sorte qu’il n’y ait aucune ombre par ici, chaque centimètre carré était illuminé par les néons du plafond et aux quatre coins de la salle. Il y avait les bruits de dehors aussi, les pas des autres employés passant dans le couloir, parlant du café et du cancéreux du troisième, les grincements des poussettes et les couinements des fauteuils roulants.

Bien loin de sa propre salle de consultation de l’époque. Maintenant, il s’occupait de l’asile, il discutait avec les violeurs en série, les meurtriers, les psychopathes et les schizophrènes. Lucian avait réussi à en faire son passe-temps quotidien avec pas mal de facilité : après tout, ces gens étaient loin d’avoir l’esprit aussi fermé que les médecins qui les gavaient de pilules. Lucian les écoutaient, il n’était pas un garde-fou ou un distributeur de médocs. Lui, il était une oreille attentive et une épaule sur lesquels ces incompris pouvaient pleurer –métaphoriquement parlant, ces gens ne prenaient qu’une douche par jour, hors de question qu’il entre en contact physique avec l’un d’entre eux.

Il s’avança avec sa démarche languissante et souple. Le dos droit, les épaules hautes, le menton relevés et ses yeux noirs brillants braqués sur sa patiente, il s’installa sur l’un des canapés avec toute la grâce qu’il possédait, croisant les jambes sereinement.

« - Je m’appelle Lucian Luxferre. Je suis le médecin chargé de vos soins. Vos séances sont, bien évidemment, obligatoire et une quelconque absence de votre part se résultat à un rapport envoyé aux forces de l’ordre. Nos entretient durement une heure chacun, et cela sera à moi de décider s’ils seront plus courts, plus longs ou si nous devons modifier leur fréquence. » Il se pencha en avant, et quelques mèches rebelles de sa coiffure parfaitement lisse tombèrent sur son front. Il était calme, comme toujours et le poids de son boite de pilules au fond de sa poche était rassurant. « Y a-t-il des choses dont vous voudriez me parler ? J’ai lu dans votre dossier que vous avez certains problèmes… d’addiction. Est-ce que cela vous intéresserait de me dire comment ça a commencé ? Comment vous vous sentez par rapport à ça, quel est votre motivation dans la prise de ces stupéfiants ? »

Il attendit quelques secondes dans le silence, tentant de ne pas s'énerver du manque de tranquillité. Dehors, le bruit de deux enfants courant dans le couloir le fit tiquer. Il détestait les étendre. Eux et leurs maudites petites vies sans intérêts. Eux et leurs normalités. Rien d'excitant là-dedans. Des gens normaux qui n'ont pas d'autres but que de vivre une banalité commune. Il les haïssait, ces gens de la plèbe.

« - Si vous vous sentez plus à l'aise qu'on fasse un peu connaissance avant je vous en prie, ne vous gênez pas, je tenterai de répondre à vos questions avec le plus de franchise possible. »
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Sam 3 Juin - 14:11

Miss Hyde



Hopital | 15h05


Je ne le perturbe pas, dommage. Il range ses affaires, il se lève, il me propose de m'installer. Je lui emboîte le pas, allant m'asseoir sur un des deux canapés dont je regarde avec un léger dégoût la surface marron. Je me demande combien de personnes avec le cul suant se sont assis ici avant moi, et cette pensée me rend presque malade. Mais je m'y pose sans dire  un mot, rangeant mes jambes en tailleur sous moi. Mon coude droit vient prendre appui sur mon genoux, et je pose mon menton dans ma main, détaillant l'homme qui me tient face.

Il me fait son spitch sur les règles de nos entrevues, je ne lâche pas du regard, mais je ne l'écoute que d'une oreille. C'est autre chose qui garde éveillé mon attention. C'est son allure, sa façon de se mouvoir, sa tentative d'asseoir un rythme et une atmosphère détendue. C'est peut-être thérapeutique, mais je ne crois pas.

Il a lu mon dossier, il entre dans le vif sujet, j'opine du chef avec un air condescendant. Quand est-ce que cela a commencé ? Je réfléchis moi-même à sa propre question, sans avoir de réelle réponse à lui donner.

Si vous vous sentez plus à l'aise qu'on fasse un peu connaissance avant je vous en prie, ne vous gênez pas, je tenterai de répondre à vos questions avec le plus de franchise possible.

Là c'est un sourire franc qui s'affiche sur mon visage. Je me redresse légèrement, fait rouler mes épaules pour me détendre. Je ne le quitte pas des yeux. Lui non plus. Je sais qu'on se bataille l'espace dans la pièce. Ou alors que je bataille seule. Mais je ne veux pas lui laisser prendre l'avantage sur mon espace vital. Comment va-t-on la jouer, Lucifer ? Tu veux faire copain-copain avec moi, sérieusement ?

J'me défonce depuis longtemps, je saurais pas dire quand.

Je pose cette phrase, sans aucune gêne. Il me suffit juste d'être cohérente avec mon discours au tribunal. De le dire à voix haute, comme ça, c'est peut-être le contexte mais je sens que ça fait écho à un peu plus de choses que ce que je ne l'aurais voulu.

J'ai eu beaucoup de problèmes. Je suis une nana à problème. C'est ça qui me motive à me déchirer le crâne. J'aime les problèmes.

Je fais la moue avec un air triste. Je le frotte la joue contre mon épaule, mon regard perdu sur le sol. Je sais qu'il ne me coupera pas, après tout, c'est à moi de parler maintenant. De déverser tous les troubles de ma vie. Après tout, peut-être que ça me ferait du bien de tout lâcher, pour une fois. Après tout, ça pourrait être une bonne idée. Je me sentirai sans doute mieux, soulagée.

Je reviens poser mes yeux dans les siens. Je trouve sa coupe de cheveux ringarde.

Mais vous aussi Doc'. Vous prenez le temps de chacun de vos mouvements, parce que le changement de pression dans votre tête de la position assise à debout est légèrement compliqué ; vous faites passer ça pour de l'allégresse mais vous et moi on sait que cela n'a rien à voir. Vous essayez de rester totalement focus sur moi avec vos yeux, mais votre esprit est ailleurs, il y a ce point de tension dans votre nuque ; les bruits sont un peu trop forts autour de vous, ils vous perturbent, ça grésille légèrement de vos oreilles, vous ressentez l'oppression du vide et des couleurs, vous mesurez vos mots parce qu'ils résonnent à l'intérieur de vous, vous allez si lentement pour que ce soit fluide, mais la petite veine dans votre coup bat le tempo un peu trop fort, et vos pupilles... Ce sont vos pupilles les pires. Elles font des petites vagues entre toutes petites et très grosses, on pourrait mettre ça sur le compte des changements lumineux, mais il y a cette légère brillance qui n'a rien à voir avec un jour un peu trop ensoleillé.

J'émets un petit son de satisfaction.

Vous ne snifez pas, vous respirez trop bien pour ça et votre nez ne coule pas. Vous ne vous shootez pas, les effets seraient trop forts et trop visibles. Je dirai que vous gobez des pilules, je sais pas de quel cocktail, peut-être du speed, ou des amphets, ou quelque chose que je ne connais pas - c'est vous le médecin - mais rien de trop fort non plus sinon vous seriez un peu plus en sueur que ça, malgré vos cheveux placardés sur le haut de votre tête.

Je fais une petite pause. Je me renfonce dans le dossier du canapé, lâchement.

Je suis une junkie. Je côtoie des junkies. Je les connais par cœur, je les repère à trois kilomètres. J'ai le flair pour ça, on me la fait pas à moi Doc', et cette hésitation au mot addiction, là, ça a été le ponpon... Moi, au moins, je n'en ai pas honte.

Je peux y aller maintenant ?

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Sam 3 Juin - 22:38

Dr. Jekyll



Hôpital | 15h10


Lucian n’avait pas peur. Il garda sa position parfaitement stable et son visage minutieusement fermé. Il s’était peut-être trompé sur le compte de la gamine, peut-être qu’au final elle serait un défi intéressant à relever. En tout cas, plus qu’il ne l’avait imaginé mais il n’avait jamais des attentes très hautes de ses patiences, alors il ne s’en étonnait pas. Il préférait se découvrir agréablement surpris qu’irrémédiablement déçu. Il y avait un sourire amusé sur le bout de ses lèvres quand il fourra sa main dans sa poche et en sortit un petit cylindre en plastique. Le psychiatre le posa doucement sur la table, juste au milieu, à égale distance de lui et de la jeune femme.

« - Ceci est un médicament. Son nom ne vous dira rien, croyez moi, et il est si compliqué que vous l’aurez oublié en sortant de cette pièce. » La boite était blanche, sans la moindre étiquette et avec le couvercle hermétiquement fermé. Lucian l’ouvrit et en sortit deux pilules d’un rouge sombre et brillant qu’il plaça devant la demoiselle, à portée de sa main et il garda l’autre dans sa paume. L’emballage tiède du remède était réconfortant, et il dut retenir un reflexe pour ne pas le gober directement. « Vous allez me dire quelque chose sur votre vie, ce que vous voulez. Une affirmation. Que ça soit la couleur de votre premier string ou la marque de vos clopes, je m’en balance. » Un sourire joueur aux lèvres, il se calla avec un peu plus d’aisance dans le dossier dur du canapé de basse qualité, la pilule écarlate roulant entre ses doigts.

« - Si je dis que votre affirmation est un mensonge et que je le découvre, vous prenez la pilule. Si c’est un mensonge et que je dis que c’est la vérité, je prends la pilule. Dans le cas contraire, si c’est une vérité et que je me trompe, personne ne la prend. Et pour finir, si c’est la vérité et que je ne me trompe pas, encore une fois, vous aurez votre récompense. » Il fit passer son jouet dans l’autre main, appuyant un peu dessus et s’amusant de sa texture légèrement souple. « Je rajoute juste une nouvelle règle : vous me posez une question, je fais un rapport d’incident aux forces de l’ordre pour agression et je m’assurerai que vous passerez le reste de vos jours dans une taule humide et puante. Rien de personnel, mais je dois quand même faire mon travail et tenter de vous rendre meilleure, n’est-ce pas ? »

Si la gamine avait cru l’énerver avec son insolence, elle se mettait le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate. En réalité, il n’avait pas tellement de problème avec le fait qu’elle lui pose des questions, il se serait fait un plaisir de les déjouer et de détourner méticuleusement la conversation pour qu’elle retourne sur un terrain plus propice à son interrogatoire, mais la jeune femme semblait penser qu’elle avait le dessus, après avoir cramé son traitement. Il se faisait donc un plaisir de lui rappeler qu’elle était loin de faire ce qu’elle voulait. La salle avait beau ne pas lui appartenir, il était le docteur ici, pas le contraire. D’ailleurs, le dernier docteur qui avait voulu lui parler en tant que tel s’en mordait encore les doigts, presque une décennie plus tard.  

« - En revanche, si je me trompe trois fois en affirmant que vous mentez alors que vous dites la vérité durant ce petit… divertissement, vous aurez le droit de quitter la salle et de rentrer chez vous. » D’un geste leste et ample, il montra la porte close du bras, comme s’il l’invitait galamment à sortir.

Lucian replaça la mèche rebelle sur son crâne et vérifia rapidement dans le reflet de sa montre que ses cheveux tenaient en place.

Il lui jeta un regard et lentement, se leva. Ses pas le conduisirent de l’autre côté, dans le dossier de son canapé et il prit quelques secondes pour regarder les tatouages –il ne comprenait pas la passion des gens pour foutre de l’encre sous leur peau, c’était loin d’être hygiénique.

« - Vous parlez de votre addiction avec fierté, vous dite que vous n’avez pas honte. » Lucian se pencha un peu plus vers elle, ses deux mains sur les épaules de sa patiente, la bouche au creux de son oreille. « Mais vous savez, l’addiction n’est pas le pire. Le pire, c’est ce qu’elle cache. Vous dites que vous êtes accroc, mais à quoi échappez-vous, quand vous prenez toutes ces substances ? L’ennuie ? Je ne crois pas. » Aussi silencieusement et gracieusement qu’un serpent prêt à mordre, il vint reprendre sa place, la pilule toujours dans sa paume. « Alors, on joue ? »
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Mar 6 Juin - 2:50

Miss Hyde



[Euh, alors attends si j'ai bien compris ?
Mariko dit une vérité, Lucian dit que c'est un mensonge = Mariss prend la pilule
Mariko dit un mensonge, Lucian dit que c'est un mensonge = il prend la pilule
Mariko dit un mensonge, Lucian dit que c'est une vérité = Personne la prend
Mariko dit une vérité, Lucian dit que c'est une vérité =  Mariss prend la pilule ?
& tkt j'étais pas dispo non plus ce week-end :)]

Hopital | 15h15


Un psy qui prend lui-même un traitement. J'hausse les sourcils avec un regard condescendant. On aura définitivement tout vu dans ce bas monde. J'aurais encore préféré que ce soit juste un drogué. Le côté traitement, ça me rappelle la boite à pharmacie qui nous servait de rangement dans la salle de bain quand j'étais gamine. Mais il ne s'est pas laissé démonté par mon petit discours ; il a de la ressource, et ça, ça me plait. Gagner en même pas une manche, ça aurait été plutôt ennuyant. Et je déteste m'ennuyer.

Il pose sa petite pilule sur la table entre nous, comme si à sa simple vue j'allais être impressionnée. Mon chéri, tu sais définitivement pas ce que j'me suis déjà mis dans le piff. Et c'est là où la conversation prend une tournure intéressante, vu qu'il commence par me mettre au défi. Moi et les défis... Incapable de les refuser. Je penche la tête sur la droite, plissant les yeux pour le suivre dans ses instructions.

Je rajoute juste une nouvelle règle : vous me posez une question, je fais un rapport d’incident aux forces de l’ordre pour agression et je m’assurerai que vous passerez le reste de vos jours dans une taule humide et puante. Rien de personnel, mais je dois quand même faire mon travail et tenter de vous rendre meilleure, n’est-ce pas ?

Bah alors Doc' ? On a quand même besoin d'asseoir son autorité par des menaces, juste au cas où ?

Ma réponse est du tac au tac, et j'affiche un sourire complaisant. Moi non plus je ne me laisse pas démonter aussi facilement. Et je connais la position dans laquelle je suis, merci, inutile de me le rappeler.

Mais vous savez, l’addiction n’est pas le pire. Le pire, c’est ce qu’elle cache. Alors, on joue ?

J'émets un petit rire. Oui Doc', évidemment. J'ai envie de lui répondre. J'ai envie de lui dire que je suis un fucking labyrinthe, que même moi dans ma petite tête j'ai pas toujours idée de ce qui s'y passe. Evidemment que je dois être un peu toquée pour faire des choses pareilles. Peut-être que si je me mets la tête, c'est pour pas avoir à crier dans le silence tous les matins au réveil, peut-être que je me serais foutue en l'air déjà depuis longtemps sans la dope, peut-être que c'est elle et son monde illusoire qui me fait tenir bon coûte que coûte, peut-être... Mais je me contiens, et me rends compte que je suis quand même vachement sur la défensive. Va falloir que je me reprenne un peu en main si je veux tenir la route.
Je souffle un peu d'air, prenant le temps d'analyser la proposition. Je lorgne la pilule d'un œil, puis reviens sur notre bon docteur. Il me toise. Il a compris que mon envie de lui démontrer que j'étais plus forte que lui m'empêcherait de résister à son invitation. Il se sent fort, là. Je le sens d'ici.

Ok, très bien.

Je prends le temps de me rasseoir correctement et d'organiser mes pensées. Lui dire quelque chose sur moi. Que ce soit vrai ou faux. Simple ou complexe. Sincère ou mensongé. Quelle est la première chose qui te passe par la tête Mariko ? Et de toutes manières, qu'est-ce que j'ai à y perdre sinon rendre cette heure obligatoire un peu plus fun qu'elle n'en avait l'air à la base ? Ce n'est pas le but de la défonce avec son cachet un peu trop gentillet pour une nana comme moi qui me motive, c'est juste le jeu. Heureusement qu'on me laisse plus rentrer dans un casino, j'aurais pu en faire ma deuxième maison. L'excitation du hasard, de l'inconnu, de la manipulation, des conséquences. N'est-ce pas fascinant ? En un acte, en une fraction de seconde, en une décision... Tout le reste de votre vie peut basculer. D'un simple geste, qui transforme tout le reste, toute la suite. Les conséquences...

Mais surtout, pour en revenir au concret de la situation ; quelle carte je vais jouer ? Celle de l'honnêteté, parce que quelque chose me dit qu'il s'attend à ce que je mente, ou un bon gros et gras mensonge tenu avec la fierté qui m'est propre ? Mon regard est maintenant complètement perdu entre le vide, mes chaussures, le sol et le bord de la table. Je ne sais pas trop combien de temps ce moment dure, finalement. Mon cheminement de pensée m'envoie jusqu'à une question cruciale et sans doute fatidique :
Qui suis-je ?

Je suis incapable de ressentir de l'amour.

Je pose mes yeux dans les siens avec un sourire. Elle est gratuite celle-là Doc'.
Ne s'agit-il pas toujours d'amour ?

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Mar 6 Juin - 21:50
[Yep, c'est ça ^o^]

Dr. Jekyll



Hôpital | 15h17


Lucian sourit doucement et s’amuse avec la pilule, la posant contre ses lèvres alors qu’il l’écoute et qu’il fait semblant de réfléchir. Et son sourire ne le quitte pas. Et le médoc contre ses lèvres pâles fait comme une tâche de sang sur son visage blanc. Ses yeux noirs brillent, un peu, et il mordille la gélule, parce qu’il a envie de la gober sec. Mais il se retient. Il baisse la main, la garde quelques secondes entre ses doigts et sa main libre l’attrapa, la fait rouler contre sa paume.

La jeune fille n’a pas l’air si impatiente d’y goûter –peut-être de voir que le produit n’était pas si fort que ça qui manquait de faire monter son excitation-, mais la curiosité restait là, dans un coin de son esprit. Elle n’était pas entrain de piaffer comme un gamin avant Noël, certes, mais l’hameçon était lancé, la graine de mystère planté dans son crâne, et c’était suffisant pour qu’il ait ce qu’il voulait. Les règles étaient en sa faveur, bien évidement, il n’aurait pas été arrangeant que sa patiente mente, le jeune aurait été plus intéressant certes, et il pouvait toujours se débrouiller avec quelques déductions, mais forcément, il y avait plus de chance qu’il découvre des choses si elle était encouragée à lui dire la vérité.

Lucian ne s’inquiète pas pour le traitement. Les pilules ne sont rien de très fort, rien de très médicalement avancé, juste un peu rare à trouver, même sur traitement. Un petit cocktail d’anxiolytiques et de neuroleptiques –dont plusieurs antipsychotiques plus ou moins puissants. A la limite, si elle avait tant l’habitude que ça, elle serait sûrement un peu sonnée quelques minutes seulement après l’ingestion de la gélule, et si elle commençait à faire de l’hyperthermie voire de la fièvre, il surveillera. Si elle prenait un second comprimé, Lucian vérifiera régulièrement son pouls. Si la jeune femme lui faisait une trachypnée, elle suivrait sûrement d’une tachycardie. Et ça, ça ne serait certainement pas bon pour eux deux.

« - Je suis incapable de ressentir de l’amour. »

Il y avait quelque chose de très important à savoir sur Lucian : Parfois, il lui arrivait de se tromper sur les sentiments des autres, parfois il lui arriver de ne pas les comprendre et d’être dans l’erreur. Ça arrive, rarement cependant. Parce que Lucian ne comprend pas les sentiments. Il est inutile d’essayer de lire dans son langage corporel, ses expressions faciales, sa posture. Chaque tressautements, chaque sourire grinçant, jusqu’à la façon totalement normale qu’il a de pencher la tête ou la manière dont ses lèvres se soulèvent –chaque petite chose qu’il fait, c’est dans un certain but. Chaque fois que quelqu’un voit quelque chose qui pourrait être enregistré comme une émotion passant sur son visage, malgré son masque, c’est parce qu’il veut que les autres les voient. Le moindre sourire est une manipulation, chaque reniflement, chaque froncement de sourcil, les mouvements simples, même quelque chose de nonchalant comme un haussement d’épaule est une manipulation. C’est un mensonge.

La plupart des temps, Lucian comprend parfaitement les gens, parce qu’il connait par cœur leurs expressions. Il a apprit à les reproduire au bon moment, à les décrypter, à les jauger. Quand faire une expression de dégoût et une autre d’horreur. Quand se limiter aux larmes aux bords des yeux et quand il faut les laisser couler. Il a apprit à peser le moindre de ses petits sourires, à en calculer le poids et à en déduire les conséquences. Parfois Lucian se trompe, parce que certaines personnes sont un peu différentes, mais il ne s’en offusque pas. Il mémorise, il note, il apprend. Il devient un monstre un peu plus parfait.

« - Faux.  » Les coudes sur les genoux, la nuque penchée en avant, il la regarde. L’analyse. La décrypte. Il n’est pas mal à l’aise à l’idée de fixer les gens, au contraire. Il ne comprend pas la timidité que peuvent montrer les autres quand ils regardent des personnes. Lui, il ne se gêne pas. C’est naturel. « Vous pouvez ressentir l’amour. Vous le ressentez en ce moment. Ou… Vous l’avez ressentit. Quelqu’un que vous aimiez beaucoup vous à quitté. Un parent, un ami, un petit-copain ? Cette personne est partie contre votre gré et vous ne l’acceptez pas. Vous pensez que vous ne pouvez pas aimer à nouveau. Vous refusez de vous avouer que c’était de l’amour en espérant que ça sera moins douloureux. Eh bien, surprise : ça ne l’est pas. Alors vous vous dites que l’amour, vous ne connaissez pas, et vous vous préservez de ce genre d’expérience une nouvelle fois. Bon réflexe, sauf que ça ne vous empêchera pas de tomber à nouveau pour quelqu’un. Au contraire, ça sera pire. Cette fois, vous n’y serez pas préparée. Ai-je raison ? »
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