PAEK JUNG-HYUN
“catch me if you can.EST
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en
tité
âge : 29yo
genre : féminin
orientation : pansexuelle
métier : dealeuse
origines : sud-coréenne
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actère
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un mouvement dans l’obscurité, une cigarette s’enflamme. une lourde respiration, le froissement des draps, les faisceaux d’une voiture passent dans la ruelle adjacente, éclairant un instant la pièce. elle se dévoile puis s’efface, n’existe plus. disparaît.laisse-moi tranquille. elle émerge, un retour à la réalité, il est trois heures du matin.
jun ne dort plus, n’a jamais vraiment trouvé le sommeil. c’est une enfant de la nuit, ne supporte pas le soleil, ça en dévoile trop. sur elle, sur ses mensonges, ses péchés. sa vie. dans la nuit, on ne voit rien si ce n’est des illusions. jun est une illusion, une image chimérique, elle se complaît dans son propre fantasme. son propre mirage. jun est née dans la nuit, sous la lumière blafarde des néons. quelque part, perdue dans la cohue de daegu. ça n’a pas d’importance. sa vie n’a pas d’importance. elle n’est qu’une gosse en trop de toute manière, une bouche de plus à nourrir. à quoi bon, on aurait préféré éviter cela. une chienne de vie.
la fumée s’échappe, forme des arabesques. dans son appartement jun se morfond, n’attend rien si ce n’est qu’un éclat de vie. la ville l’appelle, elle sait qu’elle y succombera. dehors, il y a ces gens qui s’enflamment une fois le soleil tombé. il y a les masques qui se retirent, les corps et les langues qui s’emmêlent, il y a la vérité. la passion, le désir, il y a cette liberté. jun se demande si elle a été conçue dans cette liberté, s’interroge sur la sienne. non, il n’y a que que les enfants désirés qui ont le droit de rêver de ça. elle n’a pas de père, ne connaît même pas son nom. “un client”. ce n’est pas grave, les accidents ça arrivaient. il fallait faire avec.
les lumières criardes glissent sur sa peau, le vent s’engouffre quand elle ouvre une fenêtre. elle frémit, le froid lui mord la peau, il est bon de le ressentir. de sentir que l’on est vivant. en se penchant au-dessus du vide, jun observe, ses ombres qui vont et qui viennent. ces solitaires qui baissent la tête, ses couples qui fusionnent, elle s’amuse d’eux, de ces gens à la vie mystérieuse. elle se demande si elle aussi aura droit à cette innocence, à ce sentiment d'oublier ce qui l’entoure, comme si pendant un instant elle pouvait avoir le droit de faire ce qui lui plaisait. elle n’avait pas eu le choix durant toute sa vie, se taisant, devant accepter la fatalité. on lui avait dit de la fermer et de ne rien dire. si elle en voulait à quelqu’un, qu’elle en veuille à sa pute de mère.
mayaku. elle connaît si bien cette ville, elle avait grandi ici avec ses frères, à courir après une vie simple. ça n’avait rien à avoir avec daegu, mais il avait fallu déménager, plus d’argent, d’opportunités. jun n’a jamais été une fille modèle, de toute manière le monde s’en fichait bien, mais ils ne voyaient au final qu’un enfant de putain. de ceux que l’on laisse sur le banc de touche, qu’on n’ose approcher. misérables, dangereux, des enfants sans compassion. ils se rassemblaient en meute, criaient à plein poumons leur désir d’exister. dans les rues ils grandissaient sans qu’on ne les surveille, des chemins s’offraient à eux et ils prenaient les plus simples. jun avait hésité, mais la facilité lui avait tendu les bras. en haut de sa fenêtre, elle se demandait bien ce qui aurait pu arriver si elle avait choisi l’autre chemin.
des vibrations, l’écran son portable s’allume. elle roule des yeux, elle sait déjà qui vient perturber son moment de flottaison. elle saisit l’appareil, la lumière lui agresse les yeux, elle soupire en voyant les messages. son frère ne pourra jamais se passer d’elle, il contrôlait tout de sa vie. il n’avait pas réussi à avoir son frère, mais il avait eu sa soeur, c’était mieux que rien. et puis, l’on pouvait toujours compter sur la famille. surtout depuis que maman avait claqué, il fallait compter les uns sur les autres, s’entraider, ne pas se laisser tomber. jun l’avait suivi, c’était de l’argent facile à la clé, suffisait de suivre les règles. il lui avait dit, une école d’art, ça amènerait à rien. et puis jun avait du potentiel, personne ne viendrait embêter un chien aussi dangereux.
un rendez-vous, fallait commencer le travail. c’était facile la nuit, suffisait de se planquer, attendre ou savoir courir vite. les flics, c’était les pires emmerdeurs, des connards qui venaient foutre en l’air tout le plan. jun les détestait, leur crachait dessus, plus d’une fois elle avait fui face à eux, plus d’une fois elle avait tenté de leur montrer que c’était elle qui dominait et pas l’inverse. des gardes-à vue jusqu’au lever du matin, des cellules de dégrisement, jamais coincé pour sa came. pour son affiliation. une chance de bâtard. une chance qui avait failli s'effondrer un jour. elle ne le connaissait pas et pourtant, il avait réussi à s’infiltrer. c’était le loup dans la bergerie. ou le contraire. ça avait été un ricain en plus, un putain de flic venu de loin, venu foutre son grain de sable dans la machine. mais il les avait sous-estimés, il n’avait pas surveillé ses arrières. une balle, puis une autre. une rafale. elle avait vu ce jour-ci une pure colère dans le regard de son frère, une haine sans nom, sans limite. c’était lui qui avait tenue le flingue, lui qui s’était acharné sur cet homme. et il savait où ça avait merdé, c’était elle. elle s’était exposé, avait tracé une piste. une gifle dans la gueule. si elle recommençait à jouer les putes exhibitionnistes, elle était la prochaine.
et puis ensuite, plus rien. jun avait disparu, ne s’exposait plus. un fantôme. elle taisait son nom, disparaissait dans la nuit, ne laissait aucune trace. on comptait pourtant toujours sur elle, elle était la meilleure. non, mieux encore, elle était la soeur. elle était celle qui avait de l’autorité malgré tout, on craignait son frère alors on évitait aussi la soeur. elle attrapa un sac transparent posé sur une chaise, ça contenait assez pour satisfaire les clients de cette nuit. assez d’argent en perspective. et elle recommencera. la prochaine nuit encore, et encore. personne pour venir la coffrer, personne pour venir ébranler son quotidien. c’était la putain de vie.
by VOID