JEAN-BAPTISTE GABRIEL LEVESQUE-THERIAULT
« Il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit saint dès le sein de sa mère ; il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Élie, pour ramener les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. »
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âge : Quarante-deux ans.
genre : Homme.
orientation : Selon le besoin.
métier : Directeur des programmes de la chaîne de télévision MY1, chaîne principale du groupe MYK Asahi, troisième groupe médiatique japonais et premier de Mayaku.
origines : Canadiennes.
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Second fils d'une fratrie de quatre, enfant chétif et discret, John-Baptist sut très tôt que ses poings tremblants ne vaudraient jamais la pureté de son visage pâle et rond. Il fut un solitaire à l'ascèse proverbiale et, puisqu'entendre sa voix était un don rare, il était immanquablement écouté. Ecouté aussi lorsqu'il chantait avec ferveur le Cantique des cantiques, aux côtés de l'évêque de la cathédrale du diocèse d'Ottawa - ami du père et de la ville, pur gourmand de chacun des repas dominicaux auxquels il était convié. Un homme charmant : résolument moderne et toujours souriant, c'était lui qui enroulait son écharpe autour du cou de l'enfant de chœur comme Jocaste avant qu'elle ne s’étrangle avec, lui qui le rebaptisera une fois son nom francisé, des années plus tard, lui aussi qui, ne sachant que faire de tous les livres qu'on lui offrait, les lui léguait, précieux trésors tirés d'une corne d'abondance aux airs de bibliothèque du Louvre. Très longtemps Hilaire Prezal remplit l'office d'évêque et celui, tout aussi noble, de modèle à suivre pour le tout jeune homme au nom si semblable à sa fonction. Cette brebis-ci lui doit notamment son passé de Frère du Sacré-Coeur et l'aspiration, régulièrement ressassée, à la tranquillité des ordres. L'ennui c'est que John-Baptist a toujours été trop ambitieux pour être moine.
Quand on porte le nom du décapité le plus illustre de l'Histoire (à l'exception, peut-être, de ce bon vieux roi de France), le mot « tête » prend tout son sens et l'on passe son temps à vouloir la garder solidement ancrée sur ses épaules. Il fut un étudiant remarquable ; pas par sa virtuosité scolaire, mais par son talent, plus illustre encore, dans l'art de la communication. Il savait plaire et, en parfaite illustration de l'homme social, existait par l'image qu'il rendait. Ils furent nombreux à remarquer ses quelques manières et ses cheveux toujours bien ordonnés, à s'attarder sur son sourire solaire et sur ses petites rides aux coins des yeux qui froissaient son visage en même temps que son rire déchirait les principes ; c'est toujours sur les garçons comme lui que les filles s'arrêtent. Toujours à cette gueule d'ange qu'on pardonne. Chacune de ses interventions en classe était pertinente.
Avec le temps, Jean-Baptiste sut très bien parler pour affirmer ce qu'il savait. Il entendait, mais n'écoutait qu'en cas d'absolue nécessité. Ses pairs devinrent des contacts, puis des clients - et lui, en bonne nouvelle, se baignait dans les baignoires que l'on remplissait pour lui et il faisait éclore un baptiste. Il se rendit pécheur, pour sûr, par trop de vices et de récidives ; il l'était d'autant plus qu'il n'avait besoin d'aucun hameçon pour tirer vers lui toutes sortes de pauvres hères en quête d'un soleil autour duquel graviter. Il réussit ses études de marketing parce qu'il était seul à pouvoir réussir à la hauteur de ses espérances. Il obtint le poste japonais grâce aux merveilles dont sa langue était capable une fois enroulée autour d'un téton froid et rose. Après quoi sa tête prit des proportions dantesques. Son chef comme couronne qu'il compte bien garder.