N
M

la petite citation

qui fait

grave du bien dans le kokoro

Mayaku

Mayaku, l’idyllique ville nippone, n’est plus. Les guerres de gang, l’avidité et la convoitise du pouvoir, la folie et les flammes, ont tué ce paradis. Et bientôt, ça sera votre tour.
 
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Vois. || Morgan. Empty Vois. || Morgan.

Dim 25 Fév - 17:48
Stand up can you keep your head ?
Elle était en habit de montre et était sûre qu'on ne lui poserait aucune question.
Elle était arrivée avec une voiture empruntée, l'avait garé là où personne, jamais, n'allait poser problème ; elle avait l'habitude, et avec l'habitude vient le savoir. L'habitude, aussi, de conduire en stilettos et d'aérer l'habitacle pour faire partir l'odeur de clope d'une voiture qui n'est pas la sienne. Hanka avait attendu la fin d'après-midi, le tombé de la nuit, c'était l'heure où elle commençait à travailler : nul doute que ce travail-ci serait prenant. Le rouge fixé à ses lèvres, elle dépassa le lourd portail qui gardait la villa sans jamais manquer de tomber malgré la crise de jalousie qui attaquait son coeur.

Elle avait choisi la faim, comme très souvent, approchait le ventre vide mais jamais à terre de la porte d'entrée. Vraiment, elle était repérée : ce genre de bâtisse n'allait pas sans une farandole de caméras de surveillance, elle les voyait d'ici, prenait soin de ne pas en manquer une seule. Que l'on voit ses fréquentations. Que l'on sache qu'elle travaille toujours dur.
Puisque la sonnette et la surveillance ne suffisaient pas, elle attaqua la porte à coups de poings jusqu'à entendre le cliquetis du loquet qui tombait. Si la force brute ne suffit pas, c'est qu'elle n'est pas assez forte. Horace devait le savoir, sans aucun doute, et son Horace à elle devait maintenant en être assuré. Pour peu qu'il ait été sage et ait fait ses devoirs.

- Wow. Tu n'as pas de larbin pour ouvrir la porte ?
Morgan Marshall
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Dim 18 Mar - 19:45
En tailleur. Sur le tapis de mon salon, j’étais. Les yeux tout simplement fermés. Entre mes mains, le livre d’Hanka. La quatrième de couverture se déposa au sol. Mes doigts restèrent dessus un bon moment. Ils caressaient avec douceur son dos à relief. Je m’abaissais par la suite pour déposer mon front contre. J’inspirais profondément l’odeur des pages du livre avant d’expiré lorsque je redressais ma colonne vertébrale et que, l’intégralité de ma nuque eut basculée en arrière. Mon attention se porta à mon avant-bras, j’avais ouvert les yeux à nouveau. Avec délicatesse, ma manche se relevait pour en découvrir mon tattoo. Une ronce serpentant jusqu’à mon poignet, des pétales et un crâne. Un adage d’une filiation que je représentais. Doucement, je souriais. M’arrêtais.

Le loquet de ma porte se détache. Il tombe contre, teinte. Un bruit rattrapé par un poing volontaire. Il fallait que j’aille ouvrir, alors je récupérais ma chemise noire étalée sur mon canapé. J’approchais tout en me reboutonnant soigneusement. Une main entre mes cheveux à l’ouverture de la villa. Je découvre la silhouette fine d’Hanka, m’attendant là. D’un geste de la main je l’invite à entrer. Referme derrière elle.

    Wow. Tu n'as pas de larbin pour ouvrir la porte ?

    Maintenant que tu en parles, récupérant sa veste pour la déposer sur le porte manteau, j’ai tellement à faire. Tu n’imagines même pas.

La dépassant, je revenais à l’intérieur du vaste et épuré salon. Par terre le sol était recouvert par du bois. Un canapé en osier orné de coussin moelleux attendait l’invitée, sinon des poufs par-ci et là, autour d’une table basse où des bols décoratifs se tenaient. Quelques bougies vanillées Madagascar étaient allumées. Des plantes apportaient leur odeur lorsque les brises pénétrant la villa s’annonçaient. Un endroit calme où la sérénité se faisait entendre par la fontaine à l’extérieur. Des tasses et une théière nous attendait déjà. Chaud. Je servis Hanka, puis moi. La fumée s’échappait en une danse très élégante. Je n’avais pas pris la peine de récupérer le livre à terre. Il attendra.

Fais comme chez toi. Tu es la bienvenue ici. J’habite seul. Enver vient quelque fois me rendre visite.


Dernière édition par Morgan Marshall le Dim 1 Avr - 13:30, édité 1 fois
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Sam 31 Mar - 15:38
Stand up can you keep your head ?
Elle se laissa déshabiller, professionnelle en tout temps, d'un geste qu'elle accompagnait avec un naturel déconcertant. L'instinct, avec l'habitude, était devenu délicat ; la veste comme une seconde peau. Elle muait, et c'était bien elle qui en décidait. « J'imagine très bien », soufflait-elle, et dans sa respiration mesurée s'appréhendait l'imagination dont il était question : une rhétorique calculée, monotone mais dangereuse, luxueuse mais condamnable, et tous ses agréments - vie sociale incertaine, responsabilités épuisantes, peur constante, le couteau sous l'oreiller. Oui, elle savait, et le lui faisait sentir d'un digne sourire.

Cruelle tentation, ces coussins sur lesquels se vautrer, et ses pieds accablés de leurs échardes y renoncèrent presque trop vite. Contre sa cambrure le renfort du canapé, entre les peintures de ses ongles déjà une théière. Son habileté à servir était étonnante, sa concentration orientale.

- Je t'avais prévenu pourtant, de ne pas le laisser tomber.

Les yeux cependant guidés par l'eau parfumée qu'elle versait dans chacune des deux tasses - aucun moyen, qu'il soit venu du ciel ou de la terre, qu'elle sache. Elle savait tout, a priori. Ce n'était qu'un leurre.
Soupir fermé ; elle n'attend aucune réponse. La théière embrassée d'une attention toute particulière par ses doigts enlacés, Hanka ne se brûlait pas. Les manières étaient rassurantes. Salvatrices.

- Enver. Ta copine ? Je dois dire, je ne connais de toi que ce qui se dit, c'est-à-dire assez peu, et toujours les mêmes rengaines. Obtenir ton nom est bien plus compliqué qu'il n'y paraît, gaijin.

Un service sobre, le regard comme encouragement. Puisqu'il ne s'agissait pas de spiritueux et qu'ils n'écoutaient aucun jazz, elle but en premier. Earl Grey. Il était anglais, quoi de plus naturel. Au moins n'aurait-elle pas à réclamer de sucre pour donner au thé vert quelque fade attrait.

- Tu as aimé Corneille ? C'est encore plus joli en français tu sais.
Morgan Marshall
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Lun 2 Avr - 1:48
殺人犯人

Enver, si elle devait être ma copine, ça me reviendrait au même de me faire l’amour. Contre la tasse d’Hanka, mes doigts y logeaient un carré de chocolat, un biscuit et une cuillère. Pour la forme. J’élevais mes yeux à son visage, esquissa un léger sourire sarcastique au coin des lèvres. Récupérant ma tasse, je m’installais sur le canapé et passa ma jambe par-dessus l’autre. Tu as aimé Corneille ? C'est encore plus joli en français tu sais. Je déplaçais mon attention sur le livre au sol. J’abandonnais ma tasse de thé pour venir le récupérer. Il s’agissait bien de Corneille, sa version française ; celle que j’avais lu. Je déposais l’ouvrage entre ses mains tandis que je m’en allais récupérer celui d’Hanka. Il était soigneusement déposé contre un étage d’une bibliothèque japonaise faite de bois et aux formes épurées. J’ai adoré la démonstration de Corneille sur l’élévation de l’esprit humain par sa simple force. Ces situations difficiles à se demander de quelles manières s’en sortir. Ce livre, tu me l’as fait lire parce qu’il se rapporte à ma vie, ne penses-tu pas? Elle le pensait très certainement. D’ailleurs, je n’étais pas son Horace aux cheveux roses pour rien. Mon visage s'abaissent doucement, parcourais mon bras à mon avant-bras. Mes doigts attrapèrent mon poignet, je souffrais de quelques scarifications faites la veille. A vrai parler, avoir perdu mon rang au sein de la confrérie m’atteint profondément. Je me plaisais tellement à avoir les décisions du conseil. Participer avec le pouvoir d’infirmer ou confirmer nos directions, rester en l’ombre de ceux qui actaient pour n’intervenir qu’en dernier lieu. Relationner avec la haute, les principaux caïds, toutes ces personnes d’intérêts prenaient tellement de temps. Un silence s’était immiscé parce que je le voulais. J’observe volontairement Hanka. J’insiste du regard. J’ai beaucoup trop nager à contre-courant.

Une escorte girl, sa venue n’était pas anodine. Elle m’avait cerné au travers de la littérature française. Bien qu’elle ne connaisse pas nombres de choses sur moi, elle se cachait bien de me faire connaître les raisons de son rapprochement évident. Elle n’était pas là pour du sexe ou de la drogue, encore moins pour faire affaires. Evoquer la confrérie lors de l'événement à la place du Nord était risqué. Cela dit, ça devait jouer sur notre rencontre. Fortement. Je ne sais pas ce qu’il se cache derrière ça. Ce qui la pousse à me parler, à boire son thé avec autant de sérénité qu’elle me malaisait. Pourtant, à l’intérieur de ce vaste salon nippon, il ne se trouvait qu’elle et moi. L’odeur du Earl Grey et l’envolée de paroles frivoles entremêlés de sérieux. Elle savait où elle allait. Pensant qu’il était possible de parvenir à ce qu’Il voulait de moi. Comme si . . . tout était si facile. Je me redressais du canapé. Je me laissais marcher de-ci, de-là. Le salon complètement ouvert me laissait contempler silencieusement le jardin japonais. Les cerisiers commençaient à être en fleurs. Ces touches de roses s'associaient à la même teinte que mes cheveux. Soit d’une certaine douceur et d’un parfum charmant. J’ai compris qu’il fallait que je les suive pour qu’ils me suivent à mon tour.
En face de moi, ces poissons dorés et rouges, nageant ensemble d’un même mouvement. Une grâce pour ceux qui savaient apprécier la beauté de l’asie. Et si mon corps faisait dos à Hanka, je détournais lentement mon visage, la regardant par-dessus mon épaule. Mes épaules se découvrirent, le tissue de ma chemise voleta jusqu’à tomber par terre. La vérité c’était qu'entrer dans la confrérie ça donnait ce fameux passage obligatoire de la scarification de ton avant-bras. L’encre noire de jaie sert à tatouer fleurs, ronces et crânes. Effectivement, j’avais lu Corneille, puis j’avais pris le temps de méditer face à ces poissons que je venais d’observer. Ca m’avait fait prendre conscience que je voulais mettre un terme à ces années d’exclusions. Alors ma nuit dernière avait été propice à la continuation de mon propre tattoo. J’ai gravé deux sortes de bracelets noirs et larges. L’un au-dessus de mon poignet, l’autre sous le coude. J’ai continué à dessiner des fleurs sur la deuxième moitié de mon avant-bras, séparant l’ancien tattoo du nouveau par des bracelets plus fins d’un côté et de l’autre. J’ai fais mon choix Hanka. Je veux suivre leurs traditions.

Mes cils se joignaient. Ma nuque et ses deux piercings de chaque côté roula, avant que je ne redresse mon visage face à l'éventail japonais accroché au mur. J’inspirais silencieusement avant d’expirer profondément. Hanka. Ma voix s’était un peu enserré par la crainte, pourtant sa chaleur, elle, traduisait une certaine assurance lorsque je repris la parole pour lui demander, amène-moi à la bonne rivière.
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Lun 2 Avr - 15:46
Heartbreaker, how you carry on.
L'intérêt tout particulier qu'elle accordait au carré de chocolat qu'il déposait sur la sous-tasse n'empêcha pas son bref ricanement. Une sœur, très certainement, une personne proche tout du moins ; étonnant qu'elle n'ait été mentionnée par aucun des papiers qu'elle avait touché. Soit elle était une cible potentielle pour le faire chanter, à manipuler avec précaution donc, soit elle n'était d'aucune utilité et ne représentait absolument aucun danger pour personne. Si cela n'avait tenu qu'à elle et si elle avait été ennemie des Marshall, Enver aurait été kidnappée et libérée sous rançon depuis bien longtemps.
Il lui tendit le livre au sol, elle l'attrapa d'une main, l'autre habilement sollicitée auprès de la tasse d'Earl Grey ; au toucher, Hanka sut qu'il ne s'agissait pas de son exemplaire. Une édition neuve, vue la blancheur des pages ; et, en effet, la tranche était à peine tordue. Il avait lu vite, ou utilisé un marque-page. Il était soigneux, c'était bon à savoir. Bientôt il nagerait dans les livres prêtés, car la naïveté de son analyse lui fit un peu de peine. Elle ne dit rien, cependant. On ne pouvait pas parler de tout avec tout le monde et les occasions étaient rares, se remémorait-elle en chanson ; alors elle le laissa écorcher Corneille douloureusement, noya un désarroi invisible dans une eau trop chaude. Toujours avoir l'air con avec les plus puissants. Avoir l'air con.

Elle avait l'air con d'acquiescer en silence, les yeux clos et la tête mobile, lentement, tout à la verticale - de haut en bas, un va-et-vient qui lui donnait la nausée. Son sourire adorable gobé par ses canines tentatrices, oubliées derrière la tasse de porcelaine de Chine comme un masque de carnaval. Elle aurait aimé tenir davantage de Venise que de Rio, puis se rappela que la buffa était italienne et que l'élitisme européen n'avait aucun sens. Les grands noms étaient de grands remèdes.
Il lui fit de la peine, avec ses éraflures fraîches. Elles cicatriseraient mal, se disait-elle ; elles n'étaient pas belles. Ni travaillées ni réussies, qu'elles qu'aient été ses intentions en leur donnant vie. Elles bougeaient mal, surtout. Celles que l'on réussit ne jurent pas et se meuvent élégamment, à un rythme propre à ceux qui, malgré toutes leurs peines, savent où aller. Il était perdu. Elle le savait d'ores et déjà.

Une marche et une attention parfaitement silencieuses. Comme Mona Lisa dont le regard est vivant, une tasse de thé en plus. Elle profita de son errance pour catapulter le chocolat dans sa bouche et le mâcher comme un lapin mange sa salade, les sourcils à peine froncés, lui donnant l'impression d'y voir plus clair. De si jolies choses, tout autour de lui, c'était assommant ; il le savait puisqu'au-delà de son jardin et de ses carpes il fallait faire un choix, et il la regardait elle. Hanka lui rendait un sourire d'esclave accablé d'avoir servi le vin toute la nuit. Aucun attrait porté à son dos - ses yeux clos lorsqu'ils furent témoin de la laideur des stigmates, encore frais, qu'il avait trouvé remarquable de s'ajouter. Elle le méprisait pour cela. Plaignait la peau labourée et meurtrie, le rasoir fendu qui avait servi, l'encre mal enfouie. Un travail bâclé, mais toutes les cartes en main pour le polir. Elle s'étonna de ce pouvoir, le trouva agréable, but une gorgée de thé.

- Eh bien, il était judicieux de ma part de ne pas lire Le Comte de Monte-Cristo.

Ni Don Quichotte. Ni Bovary. Surtout pas Bovary.
La remarque trouvait un écho trop lointain pour elle, un écho qu'elle désavoua ; trop tard, trop tard, et encore beaucoup à faire.
Elle ne le regardait plus du tout, n'offrant à son intérêt qu'une masse conséquente d'ondulations de sable posées sur un champ de gueules.

- Que je sois ou pas le passeur dont tu as besoin, je n'ai rien à gagner à aider quelqu'un que je ne connais pas, tu sais. Je ne suis pas assez inspirée par Siddharta pour être désintéressée à ce point.

Impératrice de Bonté, mais chef d'armée étymologique, refaite, cela allait de soi ; la bonté, elle, avait traversé les siècles et avait vécu dans la langue jusqu'à la difformité. Elle avait choisi de garder son émail intact et loin de tout heurt, pourtant, il fallait le savoir. Il le saurait. Il n'avait qu'à mirer son dédain de dos.

- Nous pourrions avoir des intérêts convergents, toutefois. Peut-être pas communs, mais ce serait un début.

Elle régnait sur une barque. Elle était la reine des passeurs et ne laissait aucun homme à la mer qu'elle puisse secourir.

- Et je n'apprends à connaître personne qui me tourne le dos.

Sois moins traître qu'Horace, si tu as une race.
Son trait d'esprit la fit sourire et la rendit très fière. Elle se félicita d'une lampée de thé.
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Sam 14 Avr - 13:37
Excuse-moi.

Par terre se trouvait ma chemise. Je la récupérais avec lenteur. Elle se dépliait au contact de mes doigts, de ma peau. Je la boutonnais devant Hanka qui s’était servie à nouveau, puis me décidais d’en faire de même. Le thé m’était précieux. Je vins m'asseoir en face de mon interlocutrice à laquelle je tenais le regard. Mes doigts se réchauffent contre la tasse. Les effluves avaient le don de m’apaiser. Elle, elle était la passeuse. Moi, l’inconnu. Alors que mes yeux étaient à demi-clos, j’entr’ouvrais les lèvres.

Raconte-moi, si ça ne t'es pas indiscret, pourquoi est-ce que tu es escorte girl?

Le thé permettait ces moments de partage. Il rassemblait les personnes au sein d’une atmosphère agréable et conviviale. Elle me tutoyait déjà, j’en faisais de même. Hanka, je ne sais pas. La curiosité me poussait à vouloir connaître toute la personne qui se présentait à moi. Son caractère me plaisait particulièrement. Elle avait cette prestance, cette élocution et cette aura. Elle m’inspirait le Lotus. Hanka, elle m’inspirait les déesses nipponnes. Chacune de ses paroles m'attachèrent au silence et à l’écoute la plus dévouée. Un culte. Dans le symbolisme bouddhique le lotus représente la pureté du corps, de la parole et de l’esprit, comme flottant au-dessus des eaux boueuses de l’attachement et du désir.

Notre objet transitionnelle eût été un livre.

Je n’avais pas pour intention d’écrire mon histoire seule ; comme avant. Être solitaire m’avait permis de m’en sortir jusque-là, mais à quelles conséquences! Désormais, ce n’était plus l’idée que je me faisais de mes actes comme de ma vie. Les plus belles choses commençaient à partir de maintenant. Je me mis à sourire légèrement à Hanka en attendant patiemment sa réponse, la tasse sur mes genoux. Une autre histoire, une autre rencontre, de nouveaux horizons à explorer, découvrir, construire. Hanka, qui était-elle? Je ne saurais que ce qu’elle voudra me dire. Je ne vais entendre et me construire sur son unique perception, mêlé à la mienne, à celles des autres qui m’auront parlé d’elle.

On partageait ce même livre.
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Dim 15 Avr - 18:26
Heartbreaker, how you carry on.
L'assommante simplicité de la question lui arracha un rire sonore et nerveux. Son sourire était noirci par la grossièreté du monde dans lequel elle vivait, et il lui sembla que toutes les plumes d'ange qu'elle avait jusqu'alors avalées entravaient sa gorge par un cynisme cruel.

- Pas là pour enfiler des perles ? Je suppose que nous ne sommes pas là pour sympathiser.

L'espoir, peut-être, qu'elle prêtait encore à l'humanité - malgré les années, malgré tout. Elle lui avait fait lire Horace, pas le Nouveau Testament, mais elle, elle le connaissait. Pouvait y faire référence. « Pardonnez-leur,ils ne savent pas ce qu'ils font ». Elle fronça les sourcils de contrariété.

- Par choix. J'escorte par choix.

Et le ton profondément assuré, profondément agacé des modulations que prenait sa voix en répondant lui assurait toute la sincérité du monde. Elle n'avait pas pour habitude de s'encombrer de non-dits ou de secrets toxiques. Un apôtre de transparence tel qu'ils étaient rares à l'échelle cosmique.
Un mouvement de tête pour se débarrasser d'une mèche encombrante, perdre un rictus trop violent. Elle resterait maître d'elle-même, dusse-t-elle en crever.

- Comment ça se fait que l'héritier Marshall se retrouve à mendier l'attention d'une pute ? Non. Comment se fait-il que Marshall soit à ce point désespéré qu'il ne peut même pas la payer pour lui raconter ses problèmes ? La Secte ne te paye plus ? Papa a autre chose à faire ? Enver réclame trop de blé pour sortir avec ses copines ? Il est passé où, l'honneur de Marshall ?

Elle en crèverait sans doute.
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Dim 22 Avr - 13:29
Elle escortait par choix. Je remarquais le sourire de la nipponne, son rire nerveux et la mèche rebelle qui la gênait. Mon thé se terminait. Je reposais la tasse d'une douceur sans pareil. Mes cils papillonnèrent à l'écoute de ses dires, nullement atteint.

Au contraire, mon honneur n'a jamais été plus présent qu'à cet instant. Ma perception et considération envers ta personne n'ont aucune équivalence avec tes opiniâtres. Je me levais pour me tenir face à elle, assise. On a tous construit notre histoire en faisant des choix qui nous importaient. Mon torse s'abaissait à quarante-cinq degré, mes mains se joignirent. Mes yeux se fermèrent. Laisse-moi respecter les tiens à la hauteur de la faveur que tu m'as accordée en étant aujourd'hui face à moi.

Soupir.

Hanka . . en tant qu'avocat le plus influent à la cours du quartier Nord, j'envie au plus haut point l'art de tes mots, la beauté de ta maîtrise du discours.

Mes yeux se clignaient. Ils se rouvraient vers elle tandis que mon corp se redressait. Je l'observais avec intéressement. Parcourant son visage de mes pupilles. Mes pas me menèrent à m'asseoir auprès d'elle. Je restais stoïque devant elle. Mon visage se penchait légèrement d'un côté.

Si tu fais le choix de rester à mes côtés, je te ferais découvrir des péripéties où ton art éveillera les histoires plus alléchantes de Mayaku. Je veux apprendre de toi, Jagiełło.
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Lun 23 Avr - 12:48
Heartbreaker, how you carry on.
Une scène de théâtre, il avait lu, il avait au moins lu les didascalies. Un être de papier, voilà ce qu'il était, emprunté, modelé par ce qu'il y avait eu de plus néfaste dans ce sang taré, ces cités dégénérées - elle en savait, c'était usant, car elle les connaissait, ces affaires de peaux blanches et de veines bleues, les massacres de succession, les duels hiérarchiques, les ascensions fulgurantes et les chutes d'étoiles filantes. Il était la jeunesse consanguine héritière de consanguins ; il était là, en peinture de ridicule, et l'univers dans lequel il s'était façonné, la glaise coincée sous les ongles, lui faisait pitié. Elle trouverait peut-être la patience pour lui, mais avait oublié sa bonté pour le monde dans une station service il y a de cela plusieurs années.

- C'est Hanka Jagiełło, la voix d'alto départie de toute nipponerie, les yeux bridés et l'Asie congédiés au profit d'un Est plus Ouest, plus gauche aussi, européen inhabituel lui aussi taré, mêlé, des esclaves de guerre pour beaucoup gazés. Elle était la noblesse, elle était Impératrice, elle était sévère mais juste, elle souriait comme un portrait photographique du XIX°. Comme un fantôme en plus chaud.

- Si tu veux apprendre de moi, alors apprends à prononcer correctement ce nom barbare entendu de la bouche de peu m'importe le nom de la taupe qui te l'a vendu. Apprends que l'activité professionnelle n'a pas de lien avec la personne elle-même, et que ta position sur les choix d'autrui ne concerne que toi. Apprends à être social avant d'être retors et peut-être pourras-tu te dispenser de toutes les merdes que tu renifles pour oublier le fait que ta vie soit un enfer politique d'une solitude navrante. Apprends à lire et tu pourras parler comme moi ; et tu sauras qu'une conversation polie ne s'ouvre pas sur des éléments aussi privés que mes raisons ou ton torse nu, peu me chaut Mayaku et vos riches histoires de chiasse.

Toujours polie. Toujours en retenue. Toujours avoir l'air conne, mais il l'avait cherché. Il l'avait drôlement cherché.
Le temps lui manquait peut-être, car elle parlait de plus en plus vite mais dans un anglais impeccable. Régler ses affaires vite et bien, selon un credo qu'elle maîtrisait, et qui semblait parfois lui brûler les mains.

- Malheureusement, j'ai avant tout affaire avec mes clients, et je n'ai pas besoin d'avocat.

C'était vrai. Aussi précaire que fut sa position.

- Qu'aurais-je à gagner à m'allier avec quelqu'un d'aussi peu certain qu'il grave lui-même sa promotion manquée dans sa chair ? Que l'on s'entende, Marshall, et je prononce ton nom pour quoi tu sois sûr que je te reconnais : tu pourrais avoir mon amitié, et tu as déjà probablement une partie de mon affection. Pudique, réservée, l'affection. Tu peux faire quelque chose de grand et tu te contentes d'un rasoir, d'Earl Grey et des livres qu'on te prête. Tu as le temps, les moyens et tout l'argent nécessaire pour soigner cette plaie et faire en sorte qu'elle cicatrise bien et tu comptes sur l'avis et la vie d'une inconnue pour te tirer vers le haut ? Je ne traîne que mes propres poids, garde les tiens, ou alors fais-moi une offre qu'aucun être humain sensé et pragmatique ne saurait refuser.

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Dim 17 Juin - 22:43
L’intonation de sa voix chaude, le tempo de sa voix crescendo ; Hanka, elle n’en avait rien à foutre. L’impatience la guettait. En toute politesse, j’avais maintenu mon regard au sien. J’étais resté stoïque, dans le fauteuil. Je n’étais pas très expressif. Parfois, je lui souriais et je manquais de pouffer de rire devant autant d’agacement de sa part. Je me demandais, finalement, en quoi le fait de rester à me dire tout ça l’importait puisqu’elle n’en avait rien à foutre. Mes doigts glissèrent le long des pans de ma chemise avant de venir récupérer ses mains. Mes yeux se fermèrent le court d’un instant. Qu’importe si elle me frappait en cet instant, je ne réagirais pas. J’espérais seulement calmer ce tempérament qui m’était bien trop coléreux.
Mes doigts étaient fins. Frêles et froids. C’était ceux d’un pianiste, plutôt bon pour tenir un archet et saisir les cordes d’un violon. Ils avaient rarement tenu des mains de femmes ainsi. Effectivement, mes mains qui recouvraient les siennes tendaient à l’apaiser. Aussi gardais-je le silence. Les yeux toujours fermer. Je sentais son pouls. Je devinais les rythmes de son cœur par le toucher. Je m’interdisais à toute caresse, tenais à conserver ses doigts entre les miens. Une prise emplie de délicatesse, comme si des feuilles lui recouvraient les mains. Ils avaient rarement tenu des doigts de femme aussi longtemps. Le temps d’un silence méditant. J’étais un être doux, léthargique et la drogue y jouait très certainement. Mes cils battaient entre eux lorsque je rouvrais le bleu de mes yeux pour les ancrer à Hanka. Le regard disait bien plus que les mots et c’est ce que je voulais explorer avec elle. Impératrice, véritable portrait du XIX°, sur moi pesait toute la sévérité de ses yeux. Elle me déconsidérait pour la personne que j’étais en me poignardant d’un passé lourd qu’elle traînait derrière elle. Et plus je m’attardais à observer son regard, plus son histoire – bien que silencieuse et indicible – m’émouvait à m’en faire expirer lentement comme pour dissiper l’oppression.
Je crois que cela faisait dix minutes. Plonger au gré d’un silence que je voulais. Nos yeux l’un en l’autre. Révélateur d’une communication émotionnelle dense. Je quittais difficilement ses précieux doigts pour déglutir. Malaisé. Je reconnaissais avoir été un terrible con pour tout ce que j’avais pu lui dire avant. Mes lèvres s’entrouvrèrent. Je délaissais ses mains pour me maintenir au dossier. Il serait temps de réagir avec un brin d’humanité pour ne pas rompre encore une fois à une relation.

Alors j’ouvrais un peu plus les lèvres,
le nez un peu plus élevé à elle,
les traits de naïveté à mon visage,
la délicatesse et l’efféminé d’une voix anglo-saxonne ;

De mes impolitesses prie-moi de m’en excuser. Entend que, grâce à une inconnue aux mots justes et péremptoires, j’apprends que mon comportement doit changer. Je retiens que mes motivations n’ont été jusque-là, fruit d’une manipulation où je ne me reconnaissais guère.

Ouvrir les yeux. Est-ce que c’était terminé ? Toutes ses années à ne faire qu’écouter, n’être que le pantin de toute une assemblée aux intentions malsaines et dégoûtantes. On m’avait demandé d’être le cinquième pour trancher sur les décisions importantes là où elle m’avait clamé d’être le seul décisionnaire de mes choix. Elle m’avait fait relever la tête du peu qu’elle me connaissait. Et la sévérité de son regard avait remporté tout mon intérêt. Il fallait en terminer.    

Dis-moi, Hanka Jagiełło, qu’ai-je à offrir à cette inconnue qui me porte une certaine affection, niant les spécificités d’un contexte qui m’appartient et est bien plus complexe que cette vulgaire simplification retranscrite de ta pensée ? Pour pouvoir agir, nous devons avoir confiance en notre capacité à avoir un impact et sentir que ce que nous faisons est important. Quel impact ai-je ? Comment sentir encore que ce que nous faisons est important en œuvrant d’une manière différente ? Tiens-toi de savoir qu’il est difficile d’accepter l’erreur, d’oser et de rompre un enseignement magnifié avec derrière, la terreur.

Je savais qu’elle savait. Ce "creux" en moi - qu’elle venait d’agrandir plus nos échanges avançaient - m’avait déconcerté. Il allait me falloir du temps pour considérer la possibilité de me détacher de la confrérie. La peur de la mort sans doute, y était pour quelque chose. Subitement, les yeux aux ronces et aux roses, je peinais à conserver mon calme à ce trop d’émotions. Elle m’avait eu comme un tir d’arme à feu. Elle avait fait saigner mon esprit. La prise de conscience me venait petit à petit, petit à petit je me trouvais hébété devant ma propre réalité. La honte me dévorait autant que ce qu’elle avait souligné.

Mes pupilles, leur volume n’avait fait que d’accroître. Je maintenais le dossier du canapé de crispation. Enver, elle n’avait pas totalement tort en disant que tout ça m’avait rendu fou. J’agitais frénétiquement ma touffe blonde, aboyait :  

Un rasoir, de l’Earl Grey, des livres prêtés, l’avis et la vie d’une inconnue, autant d’éléments exploratoires qui me permettent de regarder mon passé pour mieux construire le présent, aeh ? Je plisse le nez, lui renvoie sa sévérité avec désespoir. Eh quoi ?!! Peu m’importe la rencontre humaine faites tant qu’elle me fasse ressentir ce que j’ai envie d’accomplir ; complais-toi donc de ton personnage affabulateur et sot que tu t’amuses à jouer pour couvrir cet excès d’intelligence ! Je vins caler mon genou à son entrejambe et plaquer ma main au-dessus de sa poitrine ; mes lèvres frôlant les siennes. Ce visage-là n’est pas pour me déplaire. Hanka, elle était magnifique. Je me délectais de parcourir les traits d’une aussi belle femme, murmurait à son égard que, en toute sincérité, j’aimerai te remercier pour ta présence et tes mots de raisons. Quant à maintenant, libre à toi de partir. Il m’a semblé avoir entendu d’entre tes lèvres que peut te chaut Mayaku, ces riches histoires de chiasses - j’accentuais le vulgaire de ces mots d’un ton plus rauque - et que tu avais affaire.

Le cuivre surplombé de noir qui contournait mon regard renforçait son intensité. Alors que mes doigts déposés au-dessus de sa poitrine tenait son visage, ils se préféraient plutôt à l’effleurer avant que mon corps n’abandonne. Pris d’un vertige, je me retrouvais à califourchon sur elle, ce pour quoi mon tempérament de pudique inconditionnelle me fit réagir en m’empressant de me redresser. En quittant notre proximité, mes quelques pas en arrière furent chancelant. La main à ma tempe, je me détournais brusquement d’elle. Je réalisais.

Un jour, mes mains allaient en accord avec mes paroles, s’articulant lentement dans l’environnement, on m’a dit que j’allais quitter Londres. Que les raisons étaient motivées par celle d’une famille éloignée qui par obligation, nous voulait. Ça ne faisait pas de sens à mon âge. Je m’y opposais strictement. Alors, décidé à ne pas perdre ton enfance, tu poses tes questions aux réponses brumeuses. Tu te murs face à leur vision parce que tu n’as que le choix de les suivre. On est alors monté dans cet avion, Japan Airlines, à l’aéroport de Hearthrow ; Enver ne m’avait jamais vu aussi éteint. Ils se moquaient de m’arracher à ce que je possédais de plus cher. Ils m’ont forcé à rejoindre ce qu’ils ont appelé la confrérie et m’ont appris à n’aimer que le pouvoir. Ils m’ont violé de leurs discours politico-religieux. Ils ont choisi de faire de moi un monstre. Après avoir élevé le regard en l’air, je me retournais face à Hanka. Parfois, je n’arrive plus à me regarder devant un miroir, je pleure Londres et ce morceau d’enfance. Par exemple, je n’ai jamais admis que les scarifications, l’anorexie maintenu - pour continuer d’être modèle - ou encore la drogue, puisse m’être néfaste, bien au contraire ; dis-moi, est-ce que tu sais ce que ça fait d’être violé par des prostitués à l’Est ? Je m’efforçais de sourire, pourtant je commençais à avoir les yeux larmoyants. Elles se foutent de mon histoire parce qu’elle est risible. Et elles m’apprécient un peu, comme toi ; certainement par la pitié que je leur inspire. Ainsi soit-il, elles prennent mon argent et me baise. Et à chaque fois, j’y retourne, sachant quelle va être ma destinée. Des fois, elles inversent les rôles. Elles veulent que je les implore de recevoir mon due, celui avec lequel elles se sont allégrement servies. Clairement, elles se foutent de moi et j’en ai moi-même plus rien à foutre. Je me laisse entraîner au bordel, à faire des cul-à-culs pour plus aucune raison et à me faire repérer des dealers avec qui je couche pour la drogue.

Prononce donc mon nom pour feindre que tu me reconnaisses, au final, tu comprendras que ma renommée n’en a que le nom.


J’en restais là ; à la regarder. Et de mes joues s’écoulaient mes larmes.
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Jeu 15 Nov - 4:23
Time traveller,
Tout sonnait comme dans un rêve. Chaque vibration de l'air étouffant la pureté d'une voix, de ce qu'elle pouvait être à l'origine, quelque part à l'intérieur de l'être vivant - et tout le verbe éclot et fane en un instant seul maître, abomination de l'existence comme un trésor découvert, le coffre forcé ne révélant que les cendres d'or qui furent de cela des milliers d'années les plus inestimables joyaux d'Egypte ; chaque vibration une corde tendue par trois doigts experts, l’œil entraîné décochant la flèche sans que le monde en soit perturbé, sans que rien ne vienne froisser la cible, car l'archer le plus sage n'a pas besoin de tirer ; les vibrations inutiles comme l'espace, l'air absent ne peut manquer à personne, aussi il s'engouffre par trop de lui, ascète jaloux, sur la planète habitée, animée, petite planète isolée aux animaux stupides et inutiles qui se regardent, qui parlent sans s'écouter et qui se touchent - et les vibrations encore, celles de son corps contre le sien, sans un frisson, sans un bruit, les cils immobiles et la peau froide, elle fait la morte.

Comme tout vibre, tout bouge. Il se lève et se couche comme un chien qui ne sait à qui obéir de la discipline ou de l'instinct. Il navigue sans carte, dérive sans le voir, sans comprendre que rien ne peut guider la barre d'un trois-mâts qu'un timonier de renom. Il attend le sien, le désespoir creusant ses joues, enterrant probablement dans une chair simple de mélancolie et de naïveté ses quelques richesses, le goûter préparé par la mère et les billes qu'il a gagnées ; et il creuse avec de l'eau, puisque ses mains rongées d'angoisse, raisonnantes comme les cordes d'une harpe envoûtée, sont trop occupées à être fébriles.
Elle, elle ne sait rien de ses jambes repliées, de son dos lascivement ramené du sol, Vénus anadyomène ; elle ignore sa beauté, elle n'en a que trop l'habitude. Elle le regarde parce qu'elle sait seulement que l'on ne gagne rien à tourner le dos à un lion dans l'embarras d'une cage et, sa force s'étant logée dans une cavité loin de son esprit ou de son émoi, Hanka la Vraie observe comme Dieu.
Très proche et très noble comportement, elle qui ne prévient de rien, elle qui garde en son sein le silence du caveau, la gardienne des secrets se lève parce que les inepties ne pourront rien contre elle. Elle prend soin de ses talons abîmés par la chute, de ses poignets qui portent tout ; elle prend soin d'elle puisque sans sa vérité, aucun secret ne perdure. Il attend les ordres, bon soldat ; il attend et elle attend, et elle sait, et elle ne fera rien. Cruelle, sans doute ; il ne relève plus de son expérience d'agir sur le destin des mortels simples et naïfs.

- Que de mots.

Par trop de fois nombreux et écorchés. C'était cacophonique, pensait-elle du haut de Dieu.
Sa gorge s'éclaircit. Il y a dans le nœud de sa nuque le poids de centaines de charognes d'oiseaux.
Or, son sein tambourinait d'un rythme de croisière. Il y avait là quelque chose de vécu. Il y avait une habitude ; et ses mains lisses, et ses ongles dorés, et les maigres gouttes de sa transpiration naissante au creux de sa poitrine, dans la vanité de ses reins, tout ce qui était inquiet s'apaisa aussitôt. Il pleurait, voilà tout ; il pleurait, et elle en faisait fi.
Plus de peur, plus de merveille : rien n'arrache à sa pudeur une vocifération immonde, celle qu'elle pense et qu'elle sait aiguisée, rien d'assez justifiable par son coeur pour être vil en connaissance de cause. Alors elle se retire, sophistiquée comme toujours, haute, suprême et louve tout contre l'agneau qui geint.

- Tu ne dis rien. Tu balbuties à peine.

Pas sans Corneille. Pas sans son trésor, l'idylle de son parfum enfuie contre la porte.

- Reviens me parler quand tu auras appris comment faire. Tu sais où trouver mon numéro.
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