Mayaku, l’idyllique ville nippone, n’est plus. Les guerres de gang, l’avidité et la convoitise du pouvoir, la folie et les flammes, ont tué ce paradis. Et bientôt, ça sera votre tour.
Un premier pas suivi de tant d’autres d’un corps se mouvant à travers une foule indiscrète, s’amusant presque de flirt envers ces belles. Forcer par l’ennui du bien paraître, je m’abuse et me déleste de conversations hypocrites puis sans autres discours, me délaisse dans l’immense villa des Marshall.
Ailleurs… Peut-être là… Physiquement présent, mais perdu de pensées, je vague sans l’envie ni l’espoir de trouver d’intéressantes distractions. Le hasard, sans doute une once de chance, je rencontre un magnifique piano, instrument au symbole de raffinerie exquise. Je souligne du bout des doigts ces bords aiguisés, contemple l’alternance de ces touches blanches et noires, savourant, appréciant même ce mélange d’authenticité et de mystère.
D’une permission absente, j’ose une mélodie, celle d’un maestro dont je fais le parjure de connaître par cœur. Les paupières closes, les lèvres légèrement entrouvertes, mes phalanges se contractent et se détendent avec assurance aux fils d’accords et de notes qui se déversent dans la pièce.
Je suis E.G.O, fragile éphémère, eternel dans le présent de l’histoire, illusoire dans le passé du boudoir ; je suis la moth et la flamme, l’originel chaos de la mort noyé dans l’espoir de la vie infinie, sans faim ni loi je ne suis que ce que je peux oublier.
Mais je suis encore.
Je m’éloigne, la tête me tourne un peu, l’escorte était habile, la bouteille volubile et mon estomac sacrément nauséeux. J’ai besoin d’un port d’attache, d’une ancre terrestre pour lutter contre la tempeste qui s’acharne à me détrôner.
Un canapé ! Enfin !
Je m’effondre, bouscule le fan, tant pis pour lui, Bambie n’est plus à ça prêt depuis que sa mère est du pâté. L’esprit me reviens, je reprends prise, un instant de confusion qui aurait pu être de trop. Où suis-je ?
La scène ?
J’ai magnifié le spectacle, ou peut-être le suis-je devenue, éclipsant la pauvrette déjà présente. Les yeux se désintéressent d’elle, se concentrent sur moi. Je me sens revivre. Je me lève, esquisse quelque pas, laissant ma robe s’épanouir, se développer, montrer sa superbe en accompagnant ma danse pour garder cette attention, ne pas en laisser une miette à ma rivale.
The Kinks beaucoup trop fort pour les murs de sa maison, elle avait entraîné son amour de Rosita dans une danse endiablée et hurlait à plein poumons des paroles trébuchantes, non pas par méconnaissance mais par essoufflement. Le bull terrier implorait sa dame d'une paire d'yeux qui la rendait plus docile encore qu'elle ne l'était ; finalement attendrie, l'humaine égoïste lui rendit sa liberté à contrecœur, usant elle-même de grands yeux doux pour garder son amie auprès qu'elle. Le chien couché à ses pieds, Hanka ajusta son costume. Inspiré en grande partie par les habits de lumières des matadors, elle osait cacher ses jambes dans une combinaison entièrement blanche brodée de blanc, d'une finesse qu'elle avait préparé il y a de cela des mois ; son habileté à créer, lorsqu'elle n'était pas enterrée par la procrastination, était remarquable. Une veste blanche très décorée de reliefs et terminée par un noir profond le long des manches la protégerait du froid migratoire, de même que ses bottes hautes et noires. Son visage n'était pas en reste sous le lourd bandeau noir qui couvrait ses yeux, son teint autrement blafard, ses lentilles discrètes sous les yeux sombres. Oui, elle était parfaite ; ne manquait plus que la coiffure, cette šajkača rouge vif, le crème de la crème, s'enorgueillit-elle. Longtemps elle avait hésité avec une papakha ou un kolpik ; la Serbie l'avait emportée par pur hasard.
Noyée sous un parfum de terre mouillée et de santal, elle tendait les clefs de sa voiture avec cette pointe d'appréhension commune à tous les roturiers qui entrent dans le beau monde ; lorsqu'elle franchit le pas de l'entrée, elle le fit sous les traits anonymes d'une grue du Japon fière et splendide. Une foule inhabituelle, même pour elle ; elle s'était réfugiée près des toasts et des coupes de champagne, dégustait le tout d'une main habile et non sans baguettes - elle avait un rôle à jouer bec et ongles, puis s'était lassée d'avoir vue sur son principal employeur alors, très haute, elle quitta la table et s'enfuit sur un canapé occupé par une légende. Un instinct grégaire auquel elle obéissait sans trop de pensées parasites. Il ne lui arriverait rien ce soir.
Madame le maire. Rien que ça. Hanka prenait une place folle, avec ses jambes écartées.
- Bonsoir, présenta-elle, le sourire un ourlet gracieux. Nous sommes toutes les deux immortelles, puisque nous sommes des symboles. N'est-ce pas une raison pour nous entendre ?
Morgan à la fâcheuse manie de s'éclipser juste après m'avoir larguer une bombe dessus. Je m'empresse de cacher l'Apple Watch sous ma manche droite. C'est avec un verre de Black Jack à la main que j'observe l'ensemble des convives depuis le bar, mon regard croise les yeux froids d'un homme en tenue de hérisson. La mallette toujours en ma possession...fucking Morgan.En levant les yeux de ma boite de Pandore je vois un invité au traits presque enfantin. Il ne semble pas être dans son élément, mes yeux se redirigent vers la mallette et un sourire semble se former sur mes lèvres. je me lève avec mon précieux cargo et me dirige vers mon futur nouvel ami quand j'aperçois une Miss Shinogaï qui semble avoir commencer la soirée en avance déambuler vers moi. Elle semble me dévisager pendant un instant puis s’appuie sur mon épaule pris d'un ricanement avant de se pencher vers moi et... me renifle ? Elle recule et semble titubé et se rattrape à mon poignet droit. Je peux dire avec certitude que je sais ce qu’Achille à ressenti quand ses talon ont été tranché. Ma nervosité n'a pas le temps d'atteindre mon visage qu'elle me murmure "l'animal humain"...what the fuck does that even mean ?.
Je l'observe titubé au vers d'autres contrés quand j’aperçois l'homme que je cherche, Reiji. Miss Shinogaï étant encore visible je m'empresse vers mon jeune ami dépaysé par les festivités, lui jette presque la mallette dessus et lui dit droit dans les yeux, ma main derrière son crane.
-choisis ton poison, et garde moi ce bébé bien au chaud je reviens dés que possible.
Je lui glisse une carte visite et m'empresse de rattraper une miss Shinogaï qui continue de se mouvoir comme le Queen Ann's Revenge par temps de tempête je lui offre mon bras pour plus de stabilité et me penche vers elle.
-Outre cet incompréhensible moment qui vient de nous arriver comment allez vous Miss Shinogaï ?
Je profite de sa démarche maladroite pour nous diriger vers Reiji.
- Je me demandais si vous pouviez nous présenter ?
De grands gestes qui l'animent elle et la scène. Derrière son masque ses yeux réfléchissent toutes les lumières. Elle voit tout et partout. Son âme et sa transe exagérées par les petites molécules dorées, elle a les bras qui s'élancent dans les airs et qui dansent. Lorsque cet animal de plume s'approche d'elle, elle se courbe en sa direction, lui effleure les lèvres. Elle voit son frère derrière, un visage entre tous les autres, qui brille dans la foule, qui brille et qui scintille. Elle ne sent pas le choc de leurs deux corps, l'un contre l'autre. Elle est déjà ailleurs. Lorsqu'elle se soulève, ses yeux s'ancrent dans les siens. Le paon déploya sa queue à son égard, une roue de tous les diables. Un pacte tacite, juste entre elles deux. Elle s'imaginait un monde qui n'était pas. Devant elle, l'oiseau se mit à danser. Il s'animait aux rythmes lascifs de ses démons.
Elle se leva elle aussi. Ses bois cristallisèrent l'espace et en une fraction de seconde, ses talons aiguilles la portèrent à sa hauteur. Madame la Maire. Madame. Madame. Lorsqu'elle soulève le menton, tout un monde s'agite avec elle. Ses perles claquent, ses plumes s'entremêlent. Sa bouche s'ouvre c'est toute une forêt qui se dévoile.
Nouveau drop et son corps se tordit extatique, en rythme docile toute son âme monte et descend sur la scène. Elle porte une main sur le visage de l'oiseau de malheur, elle s'avance et recule. Elle danse et se tourne. L'espace est grand.
Bois et plumes à l'unisson.
C'est le visage barré de ses tourments qu'une autre créature fit irruption dans son monde. Toute de dentelle raccommodée, joli papier plié. Elle parla mais Enver ne l'entendit pas. Elle la coupa dans son élan, sachant pertinemment que ses mots ne lui étaient pas adressés. Elle attrapa la main du second oiseau à ses côtés. Elle l'invita dans sa forêt.
Les plumes au dessus de sa tête voletèrent lorsqu'elle lui attrapa la main. Et lorsqu'elle fut elle aussi sur scène, elle ferma les yeux et laissa son coeur chavirer sous chaque touche de l'orgue et de son clavier.
Symboles immortels.
Morgan Marshall
Quartier Nord
Joué par : Morden Présentation : http://www.mayakurpg.com/t56-morgan-marshall#106
La ruse avait été de reproduire le même protocole que celui de la confrérie. Tout simplement parce qu’il fonctionnait. Être en mesure de l’adapter à la vision que je voulais mettre en place et s’assurer de le voir appliquer correctement une fois mes conceptions abouties. Dès lors que les premières esquisses se dessinaient - sujet d’un travail de longue haleine, méthodologique et efficient, qui avait pris des mois - j’avais déjà rallié un bon nombre de confrères à ma cause. Tous anglais. Tous animé par ces objectifs à longs et courts termes qui allaient nous permettre de fonder une solide renommée. The Fox me correspondait, ça en était devenu mon adage. La mairie de Mayaku venait d’exploser et j’en étais le responsable.
∴
À ce moment, mes mains frêles tenaient celles de Zhen. L’actuelle Maire de Mayaku avait déporté son regard à l’horizon, découvrant avec effroi l’acte prémédité. Mon attention s’était lentement portée vers Yumi Shinobu-Gaï, puis plus librement sur l’intégralité des conviés présents. J’étais complètement défoncé.
Il fallait briser le silence, j'annonçais d’une voix rauque et porteuse :
Je suis le principal concerné par ce que vous venez de voir. Je restais stoïque. Je crois en Mayaku. Je lâchais les mains de la japonaise, l’observait droit dans les yeux - les pupilles incroyablement dilatées. Seulement . . . La division de Mayaku par ses quartiers, n’a fait que croire que chacun d’entre nous possédait une valeur. À vrai parler, je n’ai jamais cru à cette valeur spéculatoire. Je les énumérais alors, en guise de rappel : richesse au Nord . . informationnelle à l’Ouest . . religieuse au Sud . . malfaisance à l’Est. Ce n’est pas Mayaku. Ce n’est pas ce pour quoi nous oeuvrons individuellement en cette ville, ces quartiers . . ne seront que nos délimitations géographiques. Cela dit . . . ne me faite pas dire ce que je n’ai pas dit, nous allons rester divisés. Vous allez tous devoir faire un choix. Les Yakuzas ou The Dawn. Est-ce que vous comprenez ? Votre survis est entre nos mains, et inscrite en la sombre réalité que Mayaku a toujours représentée. L’ordre qui a été établi aujourd’hui ne vous appartient déjà plus. Les enjeux vous dépassent déjà, sachez-le. Les Mayakoïtes qui voudront la neutralité ne pourront suivre la cadence et seront amenés à disparaître.
∴
Il fallait marquer le sacrifice par une balle. J’avais changé et père ne m’avait pas reconnu. À l’ombre de tout soupçon des Marshalls et de la Confrérie, la tête pensante représentée par un cousin éloignée, Marshall, venait de s’éteindre. Il m’avait suffi que de quelques informations soufflées de-ci, de-là ; D’anglais enclins à la transparence des activités auxquelles on m’avait exclu depuis tout ce temps. Certains d’entre eux m’avaient avoué n’attendre que mon retour pour suivre. D’autres, tendaient à vendre la mèche aux élites de l’organisation afin de me voir disparaître à la suite de mon acte criminel. Tout devait changer. À commencer par la fin de la Confrérie.
Toutes mes actions avaient été menées avec calme et persuasion. Mes intentions avaient été clairement énoncées et mon regard polaire qui accompagnait mes paroles à chaque fois que j’avais à les prononcer ne laissait personne indifférent. Ils savaient que je voulais la main sur Mayaku et le marché de la drogue, par quels moyens ont y arriverait, et l’intérêt qu’il y avait derrière cette aussi grande ambition. Evidemment, je ne leur laissais absolument pas le choix. Les débuts de The Dawn s’articulaient autour de la philosophie du marche ou crève.
Lorsque j’avais annoncé à ma famille que j’avais tué l’un des nôtres, ma mère avait pleuré. Enver, . . . Enver me connaissait que trop bien pour voir toute la clairvoyance de mes intentions. Père, si je n’étais pas son fils unique, n’aurait manqué pour aucune occasion de plaquer son arme à mon arcade et presser la gâchette sous mes yeux. Oh, c’est ce que finalement il s’est produit, dans les grandes lignes. À la différence près, qu’il n’avait pas appuyé. D’un ton uni, froid et calme, j’avais obtenu son attention. Alors je lui parlais de The Dawn. De cette organisation naissante qui reprendrait les mêmes codes et règles que la confrérie. Dont les entités principales seraient lui-même et moi. Qu’il y aurait un conseil de quatre personnes aux fonctions bien définis comme se construit n’importe quelle autre organisation criminelle. Que des personnes d’intérêt pourraient s'affilier à eux et que même ceux qui semblent ne pas correspondre, auront tout autant leur place parce qu’ils ont un lien de près comme de loin avec l’organisme. Pour l’intégration de ces derniers à The Dawn, je lui ai parlé du process d’intégration. À la fin de ma démonstration de valeure - qui eût été l’objet d’un long monologue construit, cadré et ambitieux - j’avais son approbation absolue.
Les jours d’après j’avais demandé à Enver. Du noir et blanc. Des esquisses. Des finitions. Refaire, défaire, pour refaire. À la plume. Au crayon à papier. Que la mine soit plus aiguisée. Je voulais des traits fins, des courbes élégantes, raffinées. Quelque chose de japonaisant et épuré. Une représentation de ma philosophie pragmatique. La renaissance, la nature. Il me plaisait d’entendre l’art au travers des doigts de ma petite soeur. D’ailleurs, il m’arrivait souvent d’être auprès d’elle pour avoir les yeux fermés ; simplement, écouter. J’eus le privilège de rencontrer un tatoueur capable d’enlever le tatouage qui représentait la Confrérie. Il m’avait fallu quelques mois pour qu’aujourd’hui mon avant-bras redeviennent nu. Enver, elle avait dessiné sur une planche format portrait des fleurs de pavot et feuilles de gingko mêlées à quelques fines feuilles. Mes lèvres s’étaient entr’ouvertes devant la beauté de l’art. J’aurais marié l’oeuvre si je l’avais pu faire. Elle m’avait demandé où, j’avais répondu le long du bras droit. Il ne me restait plus qu’à me faire tatouer.
Ma sacralisation à The Dawn s’est faite en lieu saint. Entouré par la nature, j’avais choisi un temps réservé à l’oeuvre qui allait prendre forme à mon bras. Le tattoo était l’étape à passer après avoir réalisé sa mission d’intronisation - me concernant, l’abolition de la politique mise en place. Une offrande de son corps à l’art, à la philosophie de The Dawn et à l’acceptation de la souffrance. L’inscription des fleurs et feuilles se devaient d’être douloureuse. Le tattoo dessiné avec profondeur, me suppliait de rendre ma conscience pour l’inconscient ; s’abandonner à la douleur comme l’ascension du Christ au ciel. Auparavant, j’étais déjà passé par là, à l’instar que cette fois-ci, la douleur allait être pour tous ceux qui me suivrait, encore plus insoutenable. J'expirais et hurlais.
∴
J’avais passé plus de temps avec Myra qu’il n’en paraissait. D’un commun accord nous voulions voir la confrérie chuter et Javier “Razgut” Kramer avec. Ce dernier, à la suite de la disparition de mon cousin, s’était éclipsé. Son nom m’était revenu pour me prévenir sur ces intentions de me faire disparaître. J’avais promis à Myra qu’il serait de notre intérêt et objectif de le retrouver, de faire payer de ce qu’il avait fait à sa famille. Par-là, j’avais énoncé mes intentions, l’avait éclairée sur The Dawn. Myra, The Owl, est chargé de la communication et des liaisons, en particulier avec ses alliées et Londres. Elle est en partie responsable de la tenure des évènements à la villa. C’est elle qui a coordonné les bonnes personnes pour que nul ne doute de ce que je prévoyais à la Mairie. Elle est l’image publique de The Dawn. Et notable alliée aux Marshalls par son gang The Crow basé en Angleterre, Londres.
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Mayaku n’avait rien vu venir. Alors que les Yakuzas continuaient leurs activités illicites et que la politique veillait à faire de Mayaku la capitale du Japon, The Dawn avait déjà récupéré le marché de l’alcool, les jeux illégaux et la prostitution de luxe. Avocat le plus influent ici, le judiciaire m’appartenait. Cela dit, pour la bonne orchestration des actions, il fallait que je prenne pour le moment mes distances avec la politique et plus particulièrement avec Zhen. Cela étant dit, je savais très précisément qu’elle allait me suivre à la suite des évènements. Enfin, je m’étais rendu en personne auprès de plusieurs autres influenceurs. C’est comme ça que j’avais pu faire la rencontre de Jean-Baptiste Levesque, représentant de la principale chaîne télévisée de Mayaku. The Dawn naissait. Elle n’avait pas encore de renommée, il fallait à l’exemple de ces manières ci-haut, tout construire.
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Mayaku. Drogue. La drogue. Elle est celle qui a donné son nom à ce village devenu ville. Elle est l’emblème. La théorie des activités de Mayaku. Mon obsession pour The Dawn. Elle était au mains des Yakuzas. Il est arrivé que Myra prenne mon visage entre ses mains et m’apprenne à respirer. Elle était au mains des Yakuzas. Qu’Enver me fasse comprendre qu’il fallait laisser le temps au temps pour obtenir ce qu’on convoite le plus. Elle était aux mains des Yakuzas. Il est arrivé que mon manque me rende de plus en plus stoïque et polaire, aussi autoritaire et anxieux, qu’à l’origine. Elle était aux mains des Yakuzas. Que je me laisse contre ma propre volonté baiser par des filles de joie à l’Est. Parce qu’elle était aux mains des Yakuzas. C’est notre désavantage. The Fox, jeune protestant, drogué en manque, désillusionné et entêté avec son charisme d’intellectuelle pédant. Je suis le désavantage de The Dawn, et sa plus grande force de frappe.
Remember my name . .
I’m Morgan Dreiden Marshall, Morden o’ The fox.
Mes doigts tremblent. La drogue - que Mendax Okami m’avait transmise. L’anxiété, qui l’accompagne. Mes doigts maintiennent toujours ceux de Zhen. Mon visage se décompose. Devant elle. J’avais ruiné la manière dont elle avait construit sa carrière en y mettant une fin. Et je réalisais à quel point c’était cruel. Je prenais en considération tous les facteurs qui avait pu réussir à porter Zhen Endô jusqu’à la gouvernance de Mayaku, pour que ça se termine. Mon front se déporte au sien.
Je m’effondre. On venait de me tirer à la nuque. J’étais mort.
Je suis dragon de plume et de vent, je vole et suis, attire et fuit. Ma volonté m’échappe mes désirs s’emballent, j’oublie. Le temps d’un instant éternité je ne sais plus. Je ne suis plus.
Car tu es.
J’ouvre les yeux. Ta main dans la mienne, geste déplacé, à châtier. Pourtant je souris quelque part, pourquoi ?
La lumière est vive, si vive, brûlante. On dirait un immense feu de joie. Qu’est-ce donc ? Morgan, Morgan, Morgan … Tu n’espère pas vraiment me séduire avec un simple feu d’artifice n’est-ce pas ?
Je ris.
Je ne suis pas cheap. Je le sais, je devrais déjà me détourner de ce maigre spectacle. Alors pourquoi m’attire-t-il tant ? Pourquoi ce brasier là, me brûle-t-il la rétine ? Pourquoi … Pourquoi est-ce que ma mairie brûle Morgan ?
Il y a quelque chose dans ma bouche. Un gout de cendre et de sang. Morgan. Un gout de cendre et de sang. Ma mairie brûle Morgan. Ma carrière brûle Morgan. Oh, je vois bien, les larmes coulent sur mes joues. Elles n’éteindront pas l’incendie.
Je suis le principal concerné par …
Il me regarde. Sur ses yeux dansent des lames orange et pourpres, s’entrecroisent et s’embrasent dans la mort. Il est le principe. Le premier axiome définissant le monde tels qu’il est dans sa partie la plus fondamentale. Mais, moi, qui suis-je ?
... ou The Dawn…
Il annonce la suite. Quelle suite ? Demain l’endroit sera rempli de militaire, ma ville, sous couvre-feu. Les forces d’auto-défense, la police, les SFG … Des mouches sur une carcasse encore fumante. L’avenir de Mayaku est en train de brûler.
... Les Mayakoïtes qui voudront la neutralité ne pourront suivre la cadence et seront amenés à disparaître.
Il … est le principe. J’ai envie de passer mes mains autour de sa gorge et de serrer, de serrer jusqu’à ce que je vois les petites veines dans ses yeux putrides exploser et que l’écume rouge coule de sa bouche. Il est le principe de ma déchéance. Je ne suis plus Morgan, mais ce qui reste est largement assez pour t’emporter avec moi.
Mais même ça il me le prend.
Son front entre en contact avec le mien. Je peux entendre les convives hurler alors qu’ils réalisent. Mais tout semble si ralentis maintenant, lui qui s’affaisse doucement contre ma poitrine, moi qui retient ce beau cadavre avec douceur. Oh je voulais t’écraser la trachée moi-même Morgan, pourquoi ne penses-tu jamais qu’à toi ?
Mes genoux faiblissent, la peur rend glissant le sol. Comme pour clore un ballet macabre je m’affale doucement, laissant mon corps s’assoir et sa tête se poser sur mes genoux.
Il à l’air si pâle maintenant qu’il ne respire plus … Ma main caresse ses cheveux.
Elle était Pline et, du haut de son admirable jeunesse, elle contemplait avec horreur le nuage anglais qui prenait forme au-dessus de la réception mondainement témoin. Par la forme qu'elle lui devinait alors qu'il était sanglé de la pollution lumineuse, on aurait dit un arbre ; un pin d'Alep au tronc brûlant et dont la chaleur lui était étrangement familière, la rappelant auprès de l'âtre que son père lui présentait, enfant, lorsqu'elle rentrait de l'école encore toute couverte des premiers flocons de janvier. Son dos frissonnait toujours, même loin, même costumé, et ses yeux affamés rognaient chaque parcelle de l'horizon éploré comme pour en graver le goût de cendre et de fin dans une seule déglutition, timide manifestation de la peur après le cauchemar. Sur le balcon toute entière exposée à l'art de la guerre, puisqu'il en était ainsi ; elle était fine et posée et jamais dépourvue, car sa plastique académique était par trop usée de son métier. Elle avait été la première dehors comme elle était la première partout et, engagée dans une parole qu'elle avait rompue et dont elle gardait le souvenir sur ses lèvres entrouvertes, certains l'avaient rejoint mais sans panache aucun, parfois la main appareillée levée pour tenir les réseaux informés, nobles journalistes d'improvisation. Hanka ne voyait rien de plus que la grandeur. Ses bras tiraient toute leur force de l'avidité et du désespoir qu'ils trouvaient à pétrir le garde-corps, les épaules ouvertes et le torse à demi penché par-dessus le monde, trop royaux pour appartenir à la surprise ; alors seulement c'était ce visage métissé, assombri par le khôl et hanté de conflits qui n'étaient pas les siens, empreint de l'Histoire et de l'Art et des livres qu'elle tenait là, sous ces poings serrés, ce visage seul voyait l'urgence et la beauté, l'horreur et le foyer.
La mairie brûlait. Malade qu'elle était d'avoir oublié sa mortalité, elle retrouva l'équilibre de son corps après ce qui lui avait semblé être de longues minutes. Il n'en était rien, mais Marshall avait trouvé le temps de se taire ; il avait été aimé d'une balle dans la nuque et s'était en silence reposé sur les genoux de la maire accablée par trop de chutes. Hanka n'en croyait pas un mot. Les lèvres alors closes poussaient avec gravité les intrus qui la séparaient des portes et des fenêtres, toutes prophètes qu'elles devenaient une fois réduites à la plus simple expression de la haine : une colère si vaste et si calme qu'il n'en parvenait jusqu'aux rivages qu'une sève diluée par un mépris éveux, coupé et coupé encore comme les drogues les plus mauvaises. Ils s'écartaient seuls, ces intrus, c'était écrit dans leur propriétés, ils étaient tous orientés au nord. Elle haïssait comme rarement elle avait haï. Sa fureur n'eut aucune compassion et pas un regard pour le comédien grotesque modelé par ses soins en géante gazeuse - sa piètre performance ne méritait pas de salut et la foule autour de la dernière scène de son chef-d'oeuvre était de toute façon trop dense pour l'y autoriser. Elle quitta la pièce anonymement, comme elle y était entrée, emportait avec elle loin de cette peinture de ridicule les reflets de la lumière électrique sur un ciel trop bas et l'asphyxie étrange par laquelle on assiste à la fin d'un millénaire. Hanka l'éveillée rayonna de la pointe de la cigarette qu'elle alluma avant de passer le pas de la porte d'entrée parmi trop de brebis aveugles.
Sur le porche, un homme résolument plus vieux qu'elle et qui semblait pourtant d'une jeunesse semblable à la sienne paraissait attendre sa venue. En la voyant quitter l'odieuse cérémonie, il déploya ses bras et bomba son torse comme un hibou tout juste sorti de l'hibernation. Lui-même fumait ; Hanka n'eut guère besoin que d'un coup d’œil agacé pour savoir qu'il n'y prenait aucun plaisir. Il lui sembla que ses yeux avant sa venue avaient été tristes comme au sortir du sexe par ennui : ils étaient désormais fauves, rougis par le froid et gagnés d'un éclat en conditionnelle. Les plis des coudes de sa veste de costume restèrent marqués un moment après qu'il se soit ouvert. Les longues minutes qu'elle avait passé hors du monde, il les avait vécu.
« Puis-je vous raccompagner, très chère ? » roucoulèrent sa voix de cachemire et ses cheveux gominés dans un anglais très canadien. Il avait à travers la cigarette qu'il abandonnait l'attitude d'un vagabond de faubourg, et elle se méfiait des vagabonds d'un sourcil arqué. « Avec quelle voiture ? » Il n'y en avait aucune devant eux et le français parfait qu'elle appuyait d'un habile accent slave méprisait cet état de fait comme on s'insurgerait d'un cheveu dans une assiette étoilée. Ils levèrent leur cigarette de concert, les yeux presque trop lucides. Ceux de l'homme riaient avec malice, la main taquine qui jonglait avec les clefs d'une Porsche 911 Carrera S cabriolet ne résistant pas un instant lorsque Hanka les lui arracha. Le vaurien avait gagné la place de copilote dès lors qu'elle avait senti ce parfum traître et complice de terre humide et de santal, celui qu'elle reconnaissait comme le sien. Brodant son départ d'une traîne d'insultes polonaises qu'il ne comprenait pas cette fois, elle entendit à sa pauvre suite un « après vous » qu'elle réprimanda d'un claquement de langue réprobateur. Tous deux disparurent à l'ombre de l'apocalypse.
J’étais retourné à la villa, la forêt m’avais permis de me rafraîchir les idées. Je n’ai pas pour habitude de me salir les mains. Le discours de Morgan s’apprêtait à se terminer, mon rythme cardiaque s’accélérait. J’envoyais le signal à mes troupes poster là un peu plus tôt dans la journée par mes soins. Les ordres étaient clairs provoquer l’évanouissement de Morgan et la mort de Reiji dans cet ordre précis. Le discours se termina et pendant que les personnes présentes étaient désorientées de la destruction de la mairie mes troupes firent feu dans une fraction seconde deux personnes tombaient à terre. Il fallait maintenant amener les corps à la morgue.
Surpris par l’insensé de cette action, je reste pédant dans l’illogique de ma réflexion face au surréaliste de cette scène. Le chacal venait de me refourguer sa mallette à délire, ce fameux geste dans l’opportune d’une idée bien inconsciente envers l’humain, l’infoutus d’éthique que je suis.
Fâché de cette encombrante pensée, je m’en délie d’une grande inspiration, raille de poudre blanche qui patine mon nez de sa couleur innocente, malfaisante joueuse de mes sens, de mes gestes et de mon tout.
Ma tête tourne, drogue hallucinante, pourtant ne bouge pas, Ma tête sursaute, bruit explosant, pourtant ne s’en préoccupe pas. Ma tête s’effare, corps morts ou inconscients, pourtant ne s’en souci pas.
Je reste dans l’inactif, toujours incertain de ma future action pourtant dans l’urgence d’une décision. Dans l’instant presque dans l’insaisissable, bien malgré ma force, ma confusion, je heurte le chacal intentionnelle intention dans le but de lui délivrer un message, écrit, glisser dans la poche de son costume « Thanks Mr Wolf ! », puis m’enfuit loin, très loin du tumulte de cette soirée, mallette en main.
La descente est violente. Brutale, fatale, sidérale. Elle est où cette femme avec laquelle il dansait à peine ? La valse du faucon et du hérisson, brisée, et les miettes entraînées par la foule. Et perdues, dans la houle. Dans ce feu, qui n’éveille pas les consciences. Et qui brûle les murs et les poutres de la mairie. L’angoisse, la satisfaction, et la peur et la surprise, jubilations et étouffements, dans le même panier, dans le même manoir. Coup de théâtre, cou de lapin. Et le discours du Renard, comme Néron au-dessus de Rome. Morgan. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Qu’est-ce que tu fous ? On pouvait pas se contenter de fumer de la weed dans un squat ? Coup de pied dans la fourmilière. Grenade à fragmentation. Ce qu’il y a de plus dévastateur dans un incendie, ce ne sont pas les flammes qui rongent le bois. Ce sont celles qui rongent les âmes. Et les cendres qui restent, une fois le feu éteint, dans des litres d’eau, de vodka, de drogue, multiples et diverses. Morgan. C’est quoi ce bordel ? Cette agitation, Vaska la connaît. Et des souvenirs remontent, comme une madeleine de Proust avec un arrière-goût de salpêtre. Et tout ça, toutes ces conneries, lui a déjà coûté un bras.
Alors le hérisson tourne les talons. La guerre, il ne la ferait pas à nouveau. Tu comprends ? Il y a d’autres squat, d’autres filles, d’autres drogues. D’autres étoiles. Tant pis pour le Japon. Tant pis pour tout, tant pis pour toi, pour vous. Est-ce que c’est de la lâcheté ? Peut-être. Mais il s’en fout. D’être un couard si cela peut lui éviter de ne plus jamais pouvoir jouer de piano.
Mais il y a un coup de feu. Et un deuxième. Et les yeux du russe se ferment. Il sait. Avant même de se retourner, il sait. Morgan. Alors, ça y est, c’est fini ? Le début, et la fin. Bordel de merde, Morgan, la weed, c’était quand même ce qu’il y avait de mieux. Il pose sa main sur ce masque débile. Hérisson de pacotille. Et ses cheveux noirs de jais mangent légèrement ses yeux. Tu fais chier Morgan. Tu es par terre. Et la drogue descend et disparait dans le sang de Vaska. T’es mort. Et ta mort est débile. Parce que t’es mort comme un chien, et que c’est sa mort à lui, normalement. Alors quoi, c’est maintenant qu’il doit te dire adieu ? La weed, c’était définitivement mieux. Mais t’as pris un autre chemin. Et le russe laisse tomber son masque. Putain, Morgan… Tu fais chier.
Junko avait longuement hésité avant de répondre à l'invitation de M. Marshall... Ce genre de soirée n'était pas sa tasse de thé.
Beaucoup de gens. Beaucoup d'alcool. Beaucoup de drogue. Beaucoup de paraître.
Mais paraître était son métier. Et qui était-elle pour juger, elle qui avait besoin de sa dose d'opium pour trouver le sommeil.
Elle s'était tout de même apprêter d'un kimono rouge à fleurs noires et d'un masque traditionnel de chat sacré. Ses longs cheveux noirs ruisselait sur ses épaules, retenus en arrière par une broche en ivoire aux motifs floraux.
Dans la soirée, elle avait croisé Reiji et Yumi, eux aussi arborant des allures félines... Ironie du sort! Elle avait passé sa soirée à bavarder avec quelques importateurs d'énergies fossiles (des clients habitués), et avec cet étrange sensation que quelque chose n'était pas normal. Jusqu'au discours de l'hôte de maison. La sensation, faisait vibrer ses tympans. Comme lorsque votre instinct vous déconseille vivement d'emprunter cette ruelle sombre à une heure si tardive. La sensation empira lorsqu'un coup de feu retentit. Puis deux. Ses oreilles bourdonnaient. Son cœur se serra. Elle manqua d'air immédiatement. Elle venait de perdre quelque chose. Quelqu'un. Qui? Semblable à la mer qui se retire au large lors d'un tsunami, la foule d'invités déferla en hurlant vers les portes de sorties. Bousculée, poussée de toute part, et emportée par les flots, elle chercha en vain sa famille.
K A R M A où comme on se plaît à le dire, « chienne de vie ».
Enraciné à la même position. Comme un bouffon latent au milieu de convive bien plus débile. Une envie de partir rejoindre ma paperasse et d’enlacer le perpétuel vide au lit. Une inspiration quand avec ce même ennui j’aperçois le fond de mon verre ; purificateur vidé. Je tremble d’avouer le mal qui me ronge actuellement et tente tant bien que mal d’oublier l’horreur. Une image m’obsède, elle se répète, s’intensifie et déborde de ma tête. Une impression agoraphobe liée à ce trop plein d’gens. La main s’empresse de tirer sur le masque tandis que l’autre pose avec vitesse le verre sur le premier rebord trouvé. Les dents s’enserrent et ne se lâche plus, le souffle se coupe mais le paraître imagine une simple migraine. Une migraine devenant réel tant la réflexion se bouscule, tant mon cœur s’oppresse de cette haine déversée.
Marchant, divaguant avec incertitude dans la foule, cherchant breuvage pour effacer, je finis par m’éloigner. Les invités de ce cher Marshall s’étant regroupé autour de lui, j’en profite pour respirer. Le visage rougit d’un trop plein d’émotion, le visage d’un enfant affaiblie par la terreur. Un soupir accompagne le soulagement puis vient avec le réconfort, le visage de ma fille. Elle semble complètement déchirée et bizarrement ça ne me fait ni chaud, ni froid. Top accablé par ce qui semble devenir du repenti, je ne la laisse pas parler et l’attrape par l’épaule. L’homme qui l’accompagne, je la lui arrache et l’attire vers moi. Le regard plongé dans le sien, je tente de capter le moindre aspect de sa personne encore sur terre. Tente puis échoue lamentablement. Je me perd sur cette épaule que j’ai façonné ; me perd sur cette joue que j’ai choyé ; le regard de sa chienne de mère. Me perds dans la candeur anesthésiée de son visage. Un petit sourire, crispé mais un sourire tout de même. Je veux encore une fois me délester d’un paquet trop lourd et lui en imposer un peu plus. Je ne veux pas trouver d’excuse, je ne veux pas me morfondre, je veux partager, me conforter d’un acte bancal. Alors doucement et lentement j’approche cette deuxième main à son autre épaule pour finalement l’approcher de moi. Un long moment que je n’avais pas humé l’odeur de mon enfant. Des secondes que je souhaite suspendre à tout jamais tant la vie que nous nous sommes imposés nous as rendus étrangers. Mes lèvres à sa chevelure, mes mains glisses à ses coudes et j’expire longuement.
J’ai commis l’irréparable, j’ai encore frappé dans la chair, un temps où je m’arrête j’ai détruis une nouvelle fois Yumi. J’ai détruis et j’en reste profondément touché, un rire, un baisé à cette cascade de scolecite .
Tandis que je m’éloigne d’elle pour de nouveau l’observer, je souffle en reprenant d’un ton plus serein. Plus posé. Comme ci lui confier mes pensées pouvaient me guérir.
Ne t’en fais pas, tout ira bien. J’ai pris un grand soin à faire nettoyer la scène, j’ai pris un grand soin à faire en sorte que… tu n’en pâtisse pas. Mon premier rempart et pas des moindres, toi, ma fille. Toi, barrière que je m’efforce d’entretenir, toi, qui m’aide à respi…
Un bruit sourd me transperce.
Un cris me fend le cœur. Bien trop soudain pour sentir la chute. Je tente de trouver le souffle, tente de voir encore son visage. La bouche pâteuse et le regard vide, quel portrait, quel image à laisser à ma propre fille. Ah, un souvenir vient me taper, un dernier souffle pour murmurer
Yumi, Junko…
Ce n’est que le karma. Le coup d’une vie de chienne.
Yumi Shinogaï
Quartier Nord
Joué par : Yumi Présentation : https://mayakurpg.forumactif.com/t60-shinobu-gai-yumi
La chatte peine à trouver appuie tant ses jambes semblent ne plus être sienne. La chatte tangue d’un côté puis retrouve sa droiture habituelle quand ses lippes s’élargissent aux rassemblement face à elle. Elle veut en être, elle veut mais n’y parvient pas. Soutenue d’un bras et d’un visage porté au sien, elle abandonne. J’abandonne. Un petit hoquet quand je reconnais Mendax, encore là lui.
- Outre cet incompréhensible moment qui vient de nous arriver comment allez vous Miss Shinogaï ? Je me demandais si vous pouviez nous présenter ?
Ça rentre d’une oreille puis s’extirpe d’une autre. Il est difficile de comprendre ses mots quand le cerveau est en état d’euphorie totale. Les étoiles se dandinent face à moi mais crie à l’indécence quand je comprends finalement notre destination. Un nouveau hoquet et je baisse la tête. Il est perspicace le banquier et je le comprends qu’à peine. Je lui ai offert cette possibilité de gérer l’argent du clan, une possibilité maintenant de rencontrer mon père, que dis-je, l’Oya.
Titubant face à mon géniteur, je n’en mène pas large quand il m’attrape et m’attire contre lui. Papa, qu’est-ce que tu fais, ne me regarde pas comme ça. J’ai honte de cette image, j’ai honte que tu en sois spectateur. J’en tremble quand avec douceur tu me caresse l’épaule puis la joue. Tu sembles éviter le vrais problème, moi. Tu sembles …
Il parle, parle, parle et ça m’fait sortir de mon ivresse. Quelque chose de grave est arrivé et je n’arrive pas à tout comprendre. Son odeur m’échappe et il reprend sa petite tirade. Il fait silencieux autour de nous, ni Mendax, ni la foule autour ne me distrait de son regard désemparé. C’était il y a des années que je n’avais pas vu autant de désarroi dans cet homme. Cet homme, que dis-je, mon père.
Un bruit sourd claque mes tympans. Mes yeux ne faiblissent pas à ce tonnerre, comme-ci la peur de l’orage était devenu insignifiante. Mais là, c’est autre chose. L’odeur du fer sur mon corps, la couleur rouge sur mon visage et mon cou. Ça dégouline sur mes vêtements et s’imprègnent de la mort. Je n’arrive pas à bouger, l’effroi me paralyse. Reiji ne bouge plus. Étendu au sol comme un vulgaire tigre que l’on abat pour finalement l’avoir comme trophée au dessus d’sa cheminée. L’intérieur de mes joues:je les dévores. Mes poings: je les serres. Un relent d’vomis accompagne …
_ Papa ?
Impossible de fermer les yeux, impossible de se réveiller. Un cauchemar devenant bruyant, un rêve de mauvais goût. Le corps finit par céder et c’est les genoux qui touchent terre. Devant lui, glissant mon visage sur le sol crasseux, je cherche une parcelle de vie mais comprend rapidement qu’il n’y aura plus jamais.. de père. Mes cheveux blanc prennent une couleur rouge et commence à coller à mon visage mais ce n’est pas grave car, il n’y aura plus.. de père.
Là, le temps s’arrête. Le souffle se coupe, là, la bouche entrouverte face à lui. Dans cette position ridicule, le cul levée, joue contre terre à observer son regard vitreux. Pataugeant dans son sang plusieurs minutes, tout redeviens plus calme.
. . .
Je hurle en me redressant et ose attraper son corps. Le blazer entre mes doigts, d’une force sur-humaine, je le soulève et le ramène contre moi. La folle se réveille et hurle à la mort. La foule déjà envahie de peur ne fait qu’accroître l’horreur se déroulant en ce lieu. Comme possédée je traîne son cadavre jusqu’au portail de la villa. Des minutes ce sont écoulés mais ce n’est qu’un flash pour moi. La brise nocturne n’arrange en rien la lourdeur s’installant au creux de mes côtes. Le cœur s’opprimant à chaque fois que j’ose le regarder. Les larmes coulent enfin et le temps reprend son cour. Je pleure à chaude larme tout en me recroquevillant contre lui. Une dernière étreinte par pitié, donnes-moi en une. Un dernier geste d’amour par pitié, réveille-toi.
. . .
Speak to me, Black is all that I see
Plusieurs minutes se sont emboîtés sans que je ne puisse bouger. Le souhait de retrouver le coupable tord mes intestins. La boule s’étant formé au fond de ma gorge semble se dénouer lentement. Les traits tirés et l’air vide je finis par enfin reprendre vie. Une inspiration quand le vent tente de soulever mes cheveux collés entre eux et mes mains glissant aux joues de mon père. Les doigts approchent ses yeux et lentement je ferme ses paupières.
C’est fini papa. Tu as le droit de te reposer maintenant, tu sais, ta fille est fière. Elle t’aimera jusqu’à sa mort.
J’exhale et cherche machinalement son téléphone à ses poches. Compose un numéro et murmure l’adresse de Marshall ainsi qu’un petit :
L’Oya est mort. Venez chercher son corps et déposez le au domaine.
Un bip sonore créant des acouphènes. De mouvements pressés, je récupère sur sa dépouille une bauge qu’il ne quittait jamais, un anneau sans extravagance forgé dans de l’or blanc. Je détache mon collier et l’y glisse avant de le rattacher. Les mouvements sont saccadés, imprudent, en accord avec l’esprit. Ensuite, j’attrape sa rolex et la glisse elle à ma poche. Un dernier baisé à son front et le corps se relève enfin. Mon dos craque et c’est sans appel, la rage prend pour otage mes nerfs.
D’un pas lent mais décidé je quitte cette fête pour me diriger non loin de-là. Vers ma maison, vers cette maison.
J’abandonne derrière moi un corps. Ce n’est plus ni mon père, ni l’Oya. Ce soir j’ai failli à mon devoir. Alors, ce soir… J’abandonne une partie de moi, brûle le peu qui me reste, mue dans cette paranoïa grandissante.