Je ne suis pas mort.
Je piétine des cadavres, amoncellement de mémoires atrophiées, à  chacun de mes pas.
Il y a longtemps, toutefois, que je n'ai pas songé à regarder vers le bas.
Cela, en soi, a quelque chose de surprenant.

Je suis vivant.

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01. avant

Mes doigts se sont trop souvent froissés contre des draps souillés par les fluides émanant de rapports sexuels forcés. Je me rappelle encore des visages qui se tordaient d'émoi en me susurrant le nom de ma mère - parce que certains se plaisaient à me considérer comme le remplacement de la poupée peinturée; Ashuu la poupée de porcelaine, le pantin désarticulé - et qui minaudaient leur jouissance contre ma carotide.

Mes yeux se sont trop souvent perdus dans le vague d'une constellation méthamphétaminée. Après la mort de maman, après cette balle perdue qui s'est enfoncée dans son hypothalamus, la drogue a longtemps été la seule chose qui me procurait du réconfort. Un moyen d'oublier, un moyen de m'échapper. Un moyen de transformer le regard orageux de mon tortionnaire - le disciple de mon connard de géniteur qui avait retracé les patterns de sa vie jusque dans les tréfonds de ma génitalité - en un soleil d'été, un moyen de croire qu'il essayait de nous sauver, de nous protéger.

J'étais malade, autrefois. Malade d'amour, malade de deuil.

Tellement malade.

Je ne pense plus à son nom, maintenant. Ou, du moins, j'essaie de l'effacer de ma mémoire, d'écraser les restes de son visage avec la dague que je garde trop souvent enfoncée dans ma botte.

02.PENDANT

03.MAINTENANT