Mayaku, l’idyllique ville nippone, n’est plus. Les guerres de gang, l’avidité et la convoitise du pouvoir, la folie et les flammes, ont tué ce paradis. Et bientôt, ça sera votre tour.
Feat. Olympe Ouvert aux spectateurs du défilé de mode.
WELL, HE SAID BE MY GEISHA FOR THAT NIGHT.
Des doigts féminins m’appliquaient à mes pommettes une teinte. On maquillait mes yeux. Ma chevelure s’enroulait de part et d’autres pour retombée bouclée à mon visage. Mes lèvres demeuraient entr’ouvertes. Lui, logé au fond de ma cabine, shootait à tout va. Son prénom ? On m’a dit Olympe. Plutôt original. Il m’arrive de croiser son regard, un contact subitement rompu par le flash de son appareil. Je ne pouvais qu’alors reporter l’attention hors de sa portée ; de toute façon, lui, c’est ce qu’il cherchait.
Cette nuit à Mayaku au cœur du quartier Nord, allait se produire un défilé. J’ai joué de mon réseau pour passer de modèle photographique à mannequin, voyez comment ça m’a réussi. Là, assit en tailleur dans une chaise en velours marron, les pieds croisés sur un repose pied, je patiente. Voilà une bonne heure qu’on me prépare pour le défilé. Une heure qui m’aura suffit pour trouver la lumière blanche de mon photographe insupportable. La pièce qui nous séparait était plutôt grande. Il faut dire que toutes ces personnes papillonnant autour de moi en avait bien besoin. Quand j’élève les yeux je vois des néons rouges et des lumières blanches, des animaux empaillés, du velours et du cuir, des petites tenues en dentelle, du tissue à porter féminin, des commodes, des tapis, des tables avec des costumes dessus, des portes manteaux avec des accessoires à plume, sans plume, le flash incessant du photographe. J’ancre mon regard en mon propre regard, j’ai un visage impassible, mais j’angoisse du défilé qui approche. Olympe, lui, il est au courant de ma première fois. Je le sais parce qu’il a une gueule à le savoir et il en joue ; je crois ? Je précise que la mèche qui me retombe sur l’arrête du nez n’est pas assez bouclé et on me plusse au fond, certainement la personne chargée de veiller aux bons respects des codes de la mode. La mode avait ses codes malgré que la mode puisse être sans code. La mode, la mode c’était tout un monde qui me sortait pleinement de mon métier d’avocat. Olympe, lui, il savait que j’étais avocat. On m’a dit qu’on lui a dit. J’haussais les sourcils, on venait de refaire bouclé ma mèche. Ça m’allait. La coiffeuse m’ébouriffa les cheveux avec savoir-faire. On m’invita à me lever pour le premier costume à porter.
Luis Vuitton avait marqué le coup à Kyoto en début de cette année par son défilé sur le thème de l’urbain et l’organique. Intéressé par Mayaku, le dernier défilé de la marque se présente dès ce soir. Ce que je n’ai pas dit et qu’Olympa savait parfaitement – si ce n’était pas même la raison de sa venue – c’est que ce défilé était pour une collection féminine. Le directeur de création m’avait exceptionnellement considéré comme modèle, il a des formes féminines, c’est incontestable, faites lui porter ces modèles, il sera plus séduisante que l’ensemble des nippones qui ont été sélectionné pour ce défilé, il attendait de moi plus que les autres et ça n’avait pas choqué Olympe. Il me semble, même, qu’il était entièrement d’accord avec lui. Séduisante, ça l’avait séduit. Hha. L’univers de la mode comprenait bien des personnes mystérieuses. Meerde, Olympe et mon en faisions partie.
Les japonaises apposèrent leurs doigts de fée sur mon corps svelte et nu. Le tissue glisse sur ma peau. Je n’imagine pas l’argent à chaque couture. Présentement, je n’étais même plus moi-même, seulement celle qui allait défilé avec toutes les autres, le visage impassible. Morden, le kimono des paysages gravés à l’encre et les chaussures délicates qui te féminise. C’était ça, Luis Vuitton, fashion show de fin d’été 17 à Mayaku. Il me cherche du regard, je l’évite et il me shoot à nouveau. Meerde, qu’il le mette en bas de l’estrade avec les autres et qu’il me prenne le moment voulu. Je soupire par l’angoisse du temps se décomptant. J’approche de mes partenaires et il y a le directeur de création qui dépose sa main sur mon épaule un, ca va aller Marshall, j’ai envie de retirer sa main sur mon épaule que ça cesse de m’oppresser. Et je ne sais pas pourquoi, j’ai le regard vers Olympe qu’est pas venu me parler depuis qu’on nous a foutu ensemble pour la soirée. Je baisse la tête, soupire et fini par quitter la loge. Direction le podium où Olympe serait pour suivre mes prestations de modèle d’un défilé féminin.